vendredi 28 octobre 2016

Attention, BHL pense : le mouvement BDS est “organisé par d’anciens nazis”



Bernard-Henri Lévy, alias BHL, alias Bernard, alias le philosophe en chemise blanche, était invité le 27 septembre dernier au Parlement européen pour participer à une conférence intitulée “L’avenir des communautés juives en Europe”.

Une intervention d’une quinzaine de minutes, passée relativement inaperçue, au cours de laquelle le libérateur de la Libye a tenté de donner un aperçu de la situation des Juifs en Europe et des “nouveaux visages” de l’antisémitisme. 

Et comme de bien entendu, BHL n’a pu s’empêcher de reprendre à son compte l’antienne selon laquelle “l’antisionisme est la forme nouvelle de l’antisémitisme”, amalgamant sans aucun scrupule l’extrême-droite la plus abjecte et le mouvement de solidarité avec les Palestiniens. 

Le mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) a fait les frais de ces amalgames, au cours d’une grandiloquente envolée dont BHL a le secret : 

Je suis le premier à me mobiliser sans le moindre quartier contre le mouvement BDS dont je pense que c’est un mouvement fasciste, né au moment du fascisme, organisé à partir d’anciens nazis recyclés dans certains pays arabes en 1946-47.”

Oui, vous avez bien lu : “un mouvement fasciste, né au moment du fascisme, organisé à partir d’anciens nazis”

J’exagère ? Non : 



En 2013, BHL publiait un livre intitulé Les Aventures de la vérité. De toute évidence, la vérité historique ne semble guère intéresser l’aventurier BHL. 

Pour mémoire :

1) Le mouvement BDS est “né” d’un appel signé par plus de 170 organisations de la société civile palestinienne le 9 juillet 2005, un an après l’avis de la Cour internationale de justice exigeant d’Israël qu’il détruise le mur construit en Cisjordanie. Soit 60 ans après la chute du nazisme. 

2) La liste des membres de l’instance dirigeante de BDS, le Boycott National Committee (BNC), est publique, et il ne figure en son sein aucun “ancien nazi”.

3) “Au moment du fascisme”, l’État d’Israël n’existait pas, et il aurait donc été malaisé d’appeler à le boycotter. 

4) Le mouvement BDS n’a jamais tué personne. Contrairement au fascisme. Et à l’État d’Israël. 

Il est de notoriété publique que BHL est un énergumène malfaisant, et d’aucuns pensent que relever ses outrances est une perte de temps. 

Mais BHL continue d’être un invité récurrent des plateaux de télévision et des antennes de radio, où l’on s’acharne à le présenter comme un “intellectuel”, un “philosophe”, un “penseur”. 

Si les “grands médias” veulent réellement, comme ils le proclament, reconquérir une once de crédibilité, il est plus que temps que cette mauvaise plaisanterie cesse. 


PS : Pour mémoire (bis), selon l’article 29 de la loi sur la Liberté de la Presse du 29 juillet 1881, “toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation” et peut être punie d’une amende de 12.000 euros.

jeudi 27 octobre 2016

Indignation médiatique : la petite Wallonie "bloque" la grande (et belle) Europe

L’image est forte, vendredi 21 octobre. La ministre canadienne en charge des négociations de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (CETA) quitte le siège du gouvernement wallon. Visiblement émue, elle n’est pas parvenue à convaincre ses interlocuteurs de donner leur aval pour obtenir la signature de la Belgique lors du sommet UE-Canada prévu le 27 octobre. C’est la consternation dans les cercles européens et gouvernementaux favorables à l’accord : comment une si petite région peut-elle « bloquer l’Europe » ? Une indignation largement partagée dans les grands médias qui, une fois de plus, et ce quoi que l’on pense de la position du parlement wallon, se sont distingués par un sens de la pédagogie eurobéate et du pluralisme que nous ne pouvions manquer de relever.

Lire la suite ici. 

mardi 25 octobre 2016

L’entretien audiovisuel : information ou spectacle ?

Les interviews occupent aujourd’hui une place centrale dans les programmes d’information des grands médias. Dans les matinales des radios généralistes, dans les JT des principales chaînes, et naturellement dans les médias d’information en continu, elles font figure de produit d’appel : annoncées en ouverture des journaux, elles en constituent souvent une pièce de choix. Omniprésentes, les interviews semblent même se substituer de plus en plus à d’autres productions journalistiques, notamment le reportage ou l’enquête.
Capables de « doper » l’audience d’un programme, elles sont à ce titre l’objet d’une concurrence farouche – surtout quand il s’agit d’une célébrité, ou d’une personnalité dont on attend un « scoop » ou des révélations en « exclusivité ». Souvent conçues, présentées et interprétées comme des affrontements, ou des performances – d’acteurs ? –, elles participent à la personnalisation de la politique, et à la spectacularisation de l’information.

mardi 4 octobre 2016

"AcTualiTy" sur France 2 : misère du "décryptage" de l’actualité

"Actuality" est l’une des nouvelles émissions de la grille de France 2. Chaque jour à 17h45, Thomas Thouroude (ancien d’i-Télé et de Canal+) propose de "décrypter" l’actualité en compagnie de chroniqueurs, renommés "éclaireurs", qui sont majoritairement des journalistes, auxquels s’adjoignent parfois des chefs d’entreprises, des écrivains ou divers "spécialistes".
Cela fait maintenant quatre semaines que l’émission est diffusée, soit 20 numéros, et il est désormais possible de tirer un premier bilan d’un programme dont Delphine Ernotte-Cunci, présidente de France télévisions, annonçait en juin dernier qu’il aurait pour objectif "d’expliquer l’actualité dans un langage plus vrai, plus simple et sans cynisme".
Expliquer l’actualité, vraiment ? Après avoir visionné l’ensemble des émissions, établi des statistiques sur les 10 premiers numéros et confronté les "promesses" de Delphine Ernotte-Cunci et Thomas Thouroude à la réalité, le moins que l’on puisse dire est que l’objectif est loin d’être atteint. "AcTualiTy" est un programme de divertissement parmi d’autres qui, sous couvert de "décryptage", tombe dans des travers malheureusement bien connus : dictature du "buzz", peopolisation de la politique, indigeste mélange des genres.