dimanche 20 septembre 2015

Les coupables amitiés de Caroline Fourest (par Caroline Fourest)


Caroline Fourest a acquis au cours des dernières années une réputation de journaliste spécialisée dans l’à-peu-prisme, avec la multiplication de chroniques et d’interventions où se côtoient grosses approximations, petits mensonges, savants amalgames et subtils raccourcis. Dernier exemple en date, une attaque au vitriol contre le vainqueur des élections internes du Labour britannique, Jeremy Corbyn, accusé (entre autres) de complaisance à l'égard de l'intégrisme et de l'antisémitisme

Une méthode éprouvée, dont le principal ressort est de déformer un peu, beaucoup, voire passionnément, la réalité, pour alimenter un propos à charge contre les cibles préférées de Caroline Fourest : les « islamistes ». Mais aussi les amis des « islamistes », les amis de leurs amis et, par extension, tous ceux qui connaissent quelqu’un dont le voisin a un jour partagé une banquette de métro avec la sœur d’un individu signataire par le passé d’une pétition également signée par un écrivain dont un article a été publié sur un site internet relayant par ailleurs des articles révisionnistes.

Pour rendre hommage à la journaliste et à ses méthodes de travail, nous avons décidé d’utiliser les mêmes procédés afin de révéler la face cachée de Caroline Fourest, à la manière de Caroline Fourest[1].


Les liens cachés de Caroline Fourest avec la dictature tunisienne

En 2006, Caroline Fourest est l’une des signataires de l’appel « Ensemble contre le nouveau totalitarisme », qui entend dénoncer l’intégrisme islamique. Parmi les signataires, on retrouve Antoine Sfeir, avec lequel Caroline Fourest avait déjà co-signé une tribune en 2005, intitulée « Pour un "moratoire" sur [Tariq] Ramadan ».


Antoine Sfeir est régulièrement invité dans les grands médias en tant que « spécialiste du monde arabe ». Mais ce que l’on sait moins, c’est que le « directeur des Cahiers de l’Orient » a durant longtemps figuré parmi les apologistes de la dictature de Ben Ali, entre autres et notamment dans son ouvrage Tunisie, terre de paradoxes (2006), dans lequel on apprenait ce qui suit :

« Peu dotée par la nature de ressources minières, [la Tunisie] avance quand même, parce que son Président a parié sur les capacités et la volonté des Tunisiens, et non sur une hausse des cours du pétrole ».

Et dans lequel Antoine Sfeir posait de vraies questions :

« Comment un pays qui accueille plus de 6 millions de touristes par an, la plupart sans visa, peut-il être qualifié de régime policier ? » 

« Y a-t-il donc lieu de penser que la Tunisie est un pays corrompu ? Objectivement, non ». 

Etc.

Avant de se sublimer dans une tribune publiée par Le Figaro en octobre 2009 :

« Plutôt que de pointer sans cesse ce qui ne va pas, les esprits chagrins devraient voir que la Tunisie est un exemple pour toute la région ».

Certains esprits chagrins pourraient à raison faire remarquer que Caroline Fourest choisit de drôle d’alliés dans sa croisade contre le « totalitarisme », et que défendre les « valeurs démocratiques » aux côtés d’un aficionado d’une dictature est pour le moins paradoxal.

Mais n’oublions pas que nous travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Le double discours de Caroline Fourest est en effet manifeste : elle s’affiche démocrate, mais ses accointances avec des apologistes des dictatures démontrent que son véritable projet est l’autoritarisme.


La possible participation de Caroline Fourest aux massacres de Sabra et Chatila 

On peut d’ailleurs aller encore un peu plus loin dans cette direction. Antoine Sfeir est en effet un proche d’Antoine Basbous, fondateur de « l’Observatoire des pays arabes » et également invité récurrent des grands médias. Mais ce que l’on sait moins, c’est que Basbous a été durant plus de 10 ans, dans les années 1970 et 1980, journaliste pour deux médias libanais (le journal Le Réveil et la radio La Voix du Liban), qui n’étaient pas n’importe quels médias puisqu’ils étaient au service des Phalanges libanaises. En d’autres termes, Basbous a « couvert » en étant rémunéré par leurs auteurs les massacres de Sabra et Chatila (1982), un fait d’armes peu glorieux mais assumé par Basbous qui deviendra même représentant des Forces libanaises, émanation politique des milices chrétiennes, en France et en Europe occidentale…

Certains esprits chagrins pourraient à raison faire remarquer que les amis de Caroline Fourest ont de drôles d’amis, et que défendre les « valeurs démocratiques » aux côtés d’un proche d’un ancien cadre phalangiste est pour le moins paradoxal. 

Mais n’oublions pas que nous travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Son double discours est en effet, là encore, manifeste : elle répète à l’envi qu’elle est pour la paix entre Israéliens et Palestiniens, mais ses accointances avec un ex-phalangiste montrent que son véritable projet est l’élimination physique des Palestiniens.


Pour Caroline Fourest, « L’islam c’est la gangrène, ou on l’arrête ou on en meurt »

Si l’on creuse un peu, c’est même encore pire. Démonstration.

En 2006 toujours, Caroline Fourest cosigne avec Corinne Lepage et Pierre Cassen une tribune publiée dans Libération et intitulée « Contre un nouvel obscurantisme ».


Si Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement, est connue du grand public, Pierre Cassen l’est moins, et c’est dommage. Il est l’un des fondateurs de Riposte laïque, dont il est aujourd’hui encore l’un des principaux animateurs, et s’est notamment distingué par l’organisation des premiers « apéros saucisson-pinard » ou encore, en 2010, avec le Bloc Identitaire, des « Assises contre l’islamisation de l’Europe ».

Des initiatives ouvertement islamophobes donc, parfois co-organisées avec l’extrême-droite, dont la plus récente a été un rassemblement à Paris le 30 juin dernier, autour de mots d’ordre subtils (« Hollande-Valls-Cazeneuve Lèche-Babouches », « Stop immigration », etc.) et au cours duquel des slogans non moins subtils ont été scandés, au micro, par Pierre Cassen (« Musulmans modérés complices des islamistes », « L’islam c’est la gangrène, ou on l’arrête ou on en meurt », etc.).
  
Certains esprits chagrins pourraient à raison faire remarquer que, quand bien même elle a, depuis 2006, pris ses distances avec Pierre Cassen, Caroline Fourest a mêlé sa voix à celle de racistes patentés, et qu’il ne s’agit pas d’un accident de parcours mais plutôt d’une conséquence logique de son obsession « anti-islamiste », et d’un révélateur de la porosité entre son discours et celui d’une certaine extrême-droite.

Mais n’oublions pas que nous travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Avec cet exemple, on se rend en effet compte que Caroline Fourest est le Cheval de Troie de l’extrême-droite la plus raciste au sein de la gauche française, et qu’elle se pare d’un discours « laïc » pour mieux assouvir son but : l’élimination physique des Musulmans, considérés comme une maladie.


Caroline Fourest dérangée par « le bruit et l’odeur » des étrangers

Confirmation de cette détestation de tout ce qui n’est pas la France de souche avec, en 2006 encore, la réception par Caroline Fourest du « Prix du livre politique » pour son ouvrage La tentation obscurantiste. Si le Prix est décerné par un jury essentiellement composé de journalistes, on ne peut s’empêcher de noter qu’il est remis par le Président de l’Assemblée nationale, qui n’était autre, à l’époque, que Jean-Louis Debré.


Jean-Louis Debré fut, rappelons-le, ministre de l’Intérieur entre 1995 et 1997, et il s’est notamment distingué par une politique ultra-répressive vis-à-vis des étrangers. On se souviendra ainsi de l’expulsion à la hache des sans-papiers de Saint-Bernard 48h après que le ministre eut promis que ceux-ci seraient traités « avec humanité et cœur ». Et on se souviendra aussi de ces déclarations pleines d’humanisme : « Est-ce que vous acceptez que des étrangers viennent chez vous, s’installent chez vous et se servent dans votre frigidaire ? Non, bien évidemment ! Eh bien c’est pareil pour la France. »

Certains esprits chagrins pourraient à raison faire remarquer qu’en acceptant les hommages de Jean-Louis Debré et en ne faisant montre d’aucune réticence à recevoir un prix de ses mains, Caroline Fourest a fait la démonstration que, dès lors qu’il s’agit de recevoir un prix et d’être honorée par les puissants, ses « valeurs » et son « courage » sont décidément à géométrie variable, de même que ses critères quant au caractère « fréquentable » ou non de certains individus.  

Mais n’oublions pas que nous travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Car Jean-Louis Debré est un (très) proche de Jacques Chirac, celui-là même qui avait évoqué « le bruit et l’odeur » des étrangers. Encore une fois donc, double discours : alors qu’elle se défend de tout racisme et se revendique même antiraciste, publiant par exemple des ouvrages contre Marine Le Pen, les accointances de Caroline Fourest démontrent sans ambiguïté son rejet viscéral des étrangers, qu’elle considère non seulement comme des voleurs mais aussi comme des malodorants.


Les réseaux négationnistes de Caroline Fourest

Nos éreintantes investigations (sur Google) nous ont conduit encore un peu plus loin. En effet, nous avons découvert que plusieurs ouvrages de Caroline Fourest ont été publiés chez l’éditeur Grasset, entre autres son dernier livre : Éloge du blasphème. Et quelle n’a pas été notre surprise de constater que, parmi les autres auteurs publiés chez Grasset, on trouvait Yann Moix, célèbre écrivain, aujourd’hui chroniqueur dans l’émission « On n’est pas couchés » sur France 2.

Ce qui est moins connu à propos de Yann Moix, c’est qu’il s’est à plusieurs reprises distingué en apposant sa signature aux côtés de figures du révisionnisme, du négationnisme et de l’antisémitisme. C’est ainsi qu’en 2007 Yann Moix a signé la préface de l’ouvrage de Paul-Éric Blanrue, Le Monde contre soi : anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme, publié aux éditions Blanche, qui ont également publié les livres d’Alain Soral.


Le livre de Blanrue sera d’ailleurs republié en 2014 par les éditions KontreKulture, propriété d’Alain Soral, avant qu’une décision de justice n’ordonne la mise au pilon des ouvrages, suite à une plainte de la LICRA.

On se souviendra également de la signature, par Yann Moix, d’une pétition demandant l’abrogation de la loi Gayssot, aux côtés de Robert Faurisson, Dieudonné, Soral et de multiples figures de l’extrême-droite antisémite. Yann Moix affirmera par la suite avoir été dupé par les initiateurs de la pétition, version mise en cause, entre autres, par des journalistes du Monde.

En d’autres termes, Caroline Fourest a choisi de faire publier son dernier ouvrage chez un éditeur qui publie également un individu dont les fréquentations sont peu recommandables et qui, malgré le fait qu’il soit également connu comme étant un proche de BHL, semble entretenir des positions pour le moins ambiguës quant à l’antisémitisme, au révisionnisme et au négationnisme.  

Certains esprits chagrins pourraient à raison faire remarquer qu’en se faisant publier chez le même éditeur que Yann Moix, Caroline Fourest, pourtant si prompte à « démasquer » et dénoncer les accointances suspectes de ses cibles préférées, fait de nouveau preuve d’exigences à géométrie variable, et que quand il s’agit de diffuser et vendre ses ouvrages, certains de ses « principes » s’évaporent.

Mais n’oublions pas que nous travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Car le fait qu’une enquêtrice aussi zélée et minutieuse accepte de figurer dans le même catalogue qu’un personnage aussi « sulfureux » que Yann Moix ne peut être considéré comme une négligence, mais bel et bien comme une complaisance manifeste à l’égard de l’antisémitisme, du révisionnisme et du négationnisme. Et, disons-le fourestement, d'Alain Soral


***

CQFDAPP[2].

Nombreux sont ceux qui savent que, derrière la Caroline Fourest qui se pare des atours du progressisme, de la démocratie et de l’antiracisme se dissimule mal une Caroline Fourest qui défend, sur le fond et sur la forme, des positions politiques (toujours) islamophobes et (souvent) conservatrices, et qui s’entoure de personnages qui, en prenant moins de précautions qu’elle, révèlent la porosité manifeste entre ses positions et celles de courants politiques réactionnaires. Ce sont les esprits chagrins évoqués dans cet article, parmi lesquels on peut notamment signaler l’excellent site Les Mots Sont Importants (LMSI) et son excellent dossier « Sœur Caroline Fourest et ses ami(e)s ». 

L’auteur de ces lignes a longtemps fait partie de ces esprits chagrins et a cru, naïvement, que les critiques alors émises à l’encontre de Caroline Fourest suffiraient à rétablir quelques vérités à son propos et à déconstruire le personnage public « progressiste » qu’elle s’était forgée (voir par exemple « "Y’a bon Awards" : Caroline Fourest prend (de nouveau) quelques libertés avec la vérité » et « Islamophobie à Argenteuil : une agression de Caroline Fourest »)

Nous pensions ainsi convaincre celles et ceux qui, notamment à gauche, vantaient les vertus de Caroline Fourest, qu’elle ne jouait pas dans notre camp. Mais, quand bien même les choses ont avancé et quand bien même une partie de ses impostures et de ses mensonges ont été démasqués, les résistances face à l’évidence se poursuivent.  


Et pourtant... 

Caroline Fourest est-elle en réalité une apologiste de l’autoritarisme et une complice des idéologies génocidaires ? Est-elle une raciste identitaire, complaisante à l’égard de l’antisémitisme ? Nous n’aurions jamais osé l’affirmer avant d’appliquer la « méthode Fourest » à Caroline Fourest elle-même…

Notre (implacable) enquête en dit-elle plus sur la part d’ombre de Caroline Fourest que sur la rigueur et la précision de ses méthodes d’investigation ? Chacun-e est libre d’en juger, à l’aune des critères de son choix.  







[1] Nous avons toutefois pris quelques libertés avec la méthode Fourest : l’ensemble des éléments factuels rapportés dans cet article sont en effet rigoureusement authentiques.
[2] Ce Qu’il Fallait Démontrer À Peu Près.