Pour Philippe Bouvard, les rappeurs sont des immigrés ingrats

Publié le 1er août 2013.

Philippe Bouvard, 83 ans, n'est pas seulement l'animateur de l'émission "Les Grosses Têtes". Il sévit également dans la presse écrite, avec des "éditoriaux" repris par les quotidiens du groupe Nice-Matin et des "billets d'humeur" publiés dans le Figaro Magazine. Le "billet" qu'il a signé dans l'édition du 19 juillet dernier du "Fig Mag" se voulait sans doute, comme d'habitude, humoristique. Bouvard y propose ses définitions de mots se rattachant au domaine de la culture. Et quand il parle "rap", ça "dérape" sévèrement.

Tout avait pourtant bien commencé. Philippe Bouvard, connu pour son humour subtil, nous propose par exemple cette définition de l'Art contemporain : "Va de la barre de fer tordue à la toile complètement blanche en passant par le homard gonflable et la méthode Ogino illustrée. le prix des oeuvres est inversement proportionnel à la possibilité d'identifier ce qu'elles représentent".

On s'esclaffe.

Un peu plus loin il s'attaque à la BD : "Régression littéraire érigée en phénomène artistique. La psychologie binaire de ses personnages ne leur laisse d'autre choix que d'être bons ou méchants. logés dans des enveloppes appelées bulles, les onomatopées et les borborygmes traduisent les soubresauts de l'âme quand ils atteignent les lèvres. Si Flaubert avait travaillé avec un dessinateur, Mme Bovary serait morte en faisant "gloup!"". 

C'en est trop Philippe.

Après l'humour franchement nul (qui se poursuit avec "Danse", "Livres de cuisine", etc), Bouvard fait un crochet par le domaine qu'il maîtrise le mieux, celui de la beauferie sexiste, en définissant la "Ménagère" : "Elle a toujours moins de 50 ans alors que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter. Bien que ne figurant pas sur l'organigramme des chaînes, elle est leur véritable directrice. Pousse plus volontiers le Caddie qu'elle ne fait avancer la culture".

Alors que Philippe, lui, en bon vrai bonhomme, la culture, il connaît.

La preuve ? Il nous parle du rap : "Couplets démusicalisés au moyen desquels des artistes immigrés disent tout le mal que leur inspire une société pourtant assez bonne fille pour en faire des vedettes".

Gloup.

On ne riait pas en lisant les premières définitions, les propos concernant la "ménagère" étaient franchement sexistes, mais ça n'a pas suffi à Philippe. Il a fallu qu'il y ajoute son petit couplet raciste en réunissant dans une même phrase plus de clichés que n'aurait pu le faire Éric Zemmour. 

Mais Bouvard est grand seigneur et poursuit, toujours à propos du rap : "Possède néanmoins un rythme qui fait tragiquement défaut aux derniers troubadours de la joie de vivre". 

Après tout c'est bien connu :  les immigrés, ils ont le rythme dans la peau. 



PS : Cette "information" a fait l'objet d'une brève dans le Canard Enchaîné du 31 juillet. 

3 commentaires:

  1. Cela ne me surprend hélas pas de la part de Philippe Bouvard étant donné que l'humour des Grosses Têtes fait dans le conservatisme social le plus élémentaire.

    Cela me rappelle un très bon article sur le blog "Une heure de peine" sur la mécanique derrière les blagues sexistes (facile à généraliser au cas des blagues racistes ou homophobes):

    http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2012/08/lhumour-est-une-chose-trop-serieuse.html

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  2. d'accord avec bouvard pour les rappeurs, et encore il est gentil !

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  3. Ce type et les nigots qui surenchérissent se gaussent d'étaler leur inculture.
    Merci Julien pour ce billet.
    http://www.acrimed.org/article4130.html

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