Le 21 juin
dernier, Yves
Calvi recevait, sur RTL, Sophie Binet, de la CGT, pour l’interviewer
au sujet de l’hypothèse de l’interdiction de la manifestation du 23 juin. Au
cours de l’entretien, il lui posait la question suivante : « Depuis
le début des manifestations, 554 policiers et gendarmes ont été blessés.
Qu’avez-vous à leur dire ? » (sic). Une question qui nous a tellement plu
que nous avons décidé de l’intégrer à notre
vidéo recensant le « meilleur du pire » des interviews de syndicalistes
transformées en interrogatoires.
Cette interview,
durant laquelle Yves Calvi s’est fait l’avocat des forces de police et du
ministère de l’Intérieur, nous a amenés à nous replonger dans nos archives, et
dans les archives de l’émission quotidienne animée par Yves Calvi sur France
5 : « C dans l’air ». Nous avons en effet essayé de déterminer
si l’interview policière du 21 juin était une pratique habituelle pour le
journaliste, ou s’il s’agissait d’un exercice particulier lié au contexte de
l’interdiction de la manifestation. Et nous n’avons été que très modérément
surpris de constater qu’il ne s’agissait pas d’un accident mais d’une pratique
récurrente dans « C dans l’air », émission diffusée, rappelons-le,
sur le service public.
Le « C dans
l’air » du 20 avril dernier était ainsi consacré à l’état d’urgence. Une
proposition tout à fait louable : informer les téléspectateurs sur un tel
sujet est le rôle même du service public de télévision. Malheureusement, à
cause d’un plateau quasi 100 % policier et d’un fil rouge qu’aurait pu
écrire le ministère de l’Intérieur, le téléspectateur a davantage assisté à une
déclaration d’amour aux forces de police qu’à un « décryptage »
(selon la présentation de « C dans l’air » par France 5) de l’état
d’urgence. Un mois plus tard, le 18 mai, Yves Calvi et « C dans
l’air » récidivent lors d’une édition portant sur les violences lors des
manifestations contre la Loi Travail : là encore, les propos sont centrés
sur les forces de l’ordre, dont le point de vue est le seul audible sur le
plateau.
Analyse de ces
deux émissions (parmi bien d’autres) dont le parti pris, dans le choix des
invités, des sujets, des personnes interviewées, et même des… questions SMS,
n’a d’égal que les propos d’Yves Calvi lui-même, qui pourrait sans doute se
porter candidat au poste de porte-parole du ministère de l’Intérieur.
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