vendredi 1 juillet 2016

État d’urgence : confortable entre-soi policier dans « C dans l’air »

Le 21 juin dernier, Yves Calvi recevait, sur RTL, Sophie Binet, de la CGT, pour l’interviewer au sujet de l’hypothèse de l’interdiction de la manifestation du 23 juin. Au cours de l’entretien, il lui posait la question suivante : « Depuis le début des manifestations, 554 policiers et gendarmes ont été blessés. Qu’avez-vous à leur dire ? » (sic). Une question qui nous a tellement plu que nous avons décidé de l’intégrer à notre vidéo recensant le « meilleur du pire » des interviews de syndicalistes transformées en interrogatoires.
Cette interview, durant laquelle Yves Calvi s’est fait l’avocat des forces de police et du ministère de l’Intérieur, nous a amenés à nous replonger dans nos archives, et dans les archives de l’émission quotidienne animée par Yves Calvi sur France 5 : « C dans l’air ». Nous avons en effet essayé de déterminer si l’interview policière du 21 juin était une pratique habituelle pour le journaliste, ou s’il s’agissait d’un exercice particulier lié au contexte de l’interdiction de la manifestation. Et nous n’avons été que très modérément surpris de constater qu’il ne s’agissait pas d’un accident mais d’une pratique récurrente dans « C dans l’air », émission diffusée, rappelons-le, sur le service public.
Le « C dans l’air » du 20 avril dernier était ainsi consacré à l’état d’urgence. Une proposition tout à fait louable : informer les téléspectateurs sur un tel sujet est le rôle même du service public de télévision. Malheureusement, à cause d’un plateau quasi 100 % policier et d’un fil rouge qu’aurait pu écrire le ministère de l’Intérieur, le téléspectateur a davantage assisté à une déclaration d’amour aux forces de police qu’à un « décryptage » (selon la présentation de « C dans l’air » par France 5) de l’état d’urgence. Un mois plus tard, le 18 mai, Yves Calvi et « C dans l’air » récidivent lors d’une édition portant sur les violences lors des manifestations contre la Loi Travail : là encore, les propos sont centrés sur les forces de l’ordre, dont le point de vue est le seul audible sur le plateau.
Analyse de ces deux émissions (parmi bien d’autres) dont le parti pris, dans le choix des invités, des sujets, des personnes interviewées, et même des… questions SMS, n’a d’égal que les propos d’Yves Calvi lui-même, qui pourrait sans doute se porter candidat au poste de porte-parole du ministère de l’Intérieur.


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