Philippe Val a commis un livre.
Le titre, c'est Malaise dans l'inculture.
Le pitch, c’est que Philippe Val est très en
colère contre la « bien-pensance ».
Comme je suis en vacances, j’ai décidé de le lire,
entre le dernier Maxime Chattam et un vieil Agatha Christie.
Erreur.
Car quand on lit un pareil texte, difficile de garder son calme, a fortiori quand dans le même temps
on subit la tournée médiatique triomphale de Philippe Val, invité partout pour pérorer à propos de ce livre.
D'où cette réaction, qui sera divisée en deux parties. Dans ce premier texte, on s’intéressera à la
« méthode Val » : arrogance, caricature, mensonges, amalgames,
indignations à géométrie variable. Dans un second texte, que l'on publiera d'ici quelques semaines, on essaiera de
comprendre la « pensée Val », qui s’approche de plus en plus de celle
d’Éric Zemmour.
Philippe
Val aime beaucoup Philippe Val
La première chose qui frappe dans le livre est la
modestie de son auteur.
Ainsi, dès l’ « avertissement au lecteur »,
rédigé après les tueries de janvier 2015, on apprend ce qui suit : « Son épouse Véronique, Cabu et moi ne
nous sommes guère quittés depuis [les années 1970]. Difficile de ne pas évoquer
Montaigne, dont il sera beaucoup question dans ce livre, lorsqu’il cherche un
peu vainement à expliquer le lien qui l’unissait à La Boëtie : "Parce que c’était lui, parce que c’était moi" »[1]. Ou
comment se comparer, l’air de rien, à l’auteur des Essais.
Avant d’oser une autre comparaison, toujours l’air
de rien, dans les dernières lignes de l’introduction de l’ouvrage : « Entre notre ancêtre Lucy et nous, il
y eut, il y a vingt-cinq siècles, deux Athéniens qui marchaient de long en
large sur l’agora. Ils préféraient la discussion à la conversation. Les
chapitres qui suivent n’ont qu’un but : que ce miracle ne cesse de se
reproduire »[2].
Socrate, Platon, Val, même combat.
Les titres des trois premiers chapitres du livre
confirment cette tendance à l’humilité : « Discours sur l’origine et les fondements du
sociologisme » ; « Malaise
dans la civilisation » ; « Traité
sociologico-politique ». Soit trois références à peine voilées (que
Philippe Val nous pardonne ce terme) à trois monuments de la pensée :
Rousseau, Freud et Spinoza. Dans le premier cas, il s’agit de s’attaquer (péniblement)
audit monument. Dans les deux autres, il s’agit d’établir une filiation
théorique. Rien que ça…
On comprend dès lors pourquoi Philippe Val ne peut
s’empêcher de nous rappeler, régulièrement, sa grandeur et sa hauteur de vue.
Par exemple[3] : « J’ai toujours été à la lisière de
tous les mouvements qui ont cru voir en moi, un jour ou l’autre, un possible
porte-parole. Et quand on a voulu me pousser vers l’intérieur d’un groupe, je
me suis senti tellement entravé que j’ai vite repris ma position apatride ».
Il se murmure dans certaines rédactions parisiennes que BHL envisagerait de
porter plainte pour plagiat…
On comprend aussi pourquoi Philippe Val aime illustrer
ses propos à l’aide d’anecdotes personnelles. Car la vie de Philippe Val cristallise,
à l’instar de celle de ses prédécesseurs Socrate, Spinoza et Freud, les
dynamiques sociales et politiques de son temps. On peut ainsi lire[4] cette
jolie (et modeste) formule, destinée à introduire le récit d’un épisode de la
vie de l’ex-patron de France Inter : « Une
anecdote personnelle illustre bien la profondeur du phénomène ». Philippe
Val, une vie profonde et phénoménale.
Et, au fur et à mesure que l’on avance dans le
livre, Philippe Val ne s’encombre plus de détails, et c’est de manière
implicite qu’il fait référence à son propre génie : « Si, par exemple, dans la rédaction d’un organe d’information, il
n’y a que des bons journalistes et un mauvais directeur, le journal ne sera
jamais bon. Une rédaction constituée de journalistes moyens, mais dotée d’un
très bon directeur, produira au contraire un bon journal, et les journalistes
progresseront. L’idéal, bien sûr, étant d’avoir de bons journalistes et un bon
directeur »[5]. Comme
Philippe Val ?
Philippe
Val n’aime pas les sociologues, d’ailleurs il ne les a pas lus
Mais venons-en au cœur de l’ouvrage et à la
« thèse » de Baruch Philippe Val. Elle est exposée dans
l’introduction[6] :
« Longtemps,
le représentant du bien a été le "bon chrétien". Désormais, c’est
le "bon" sociologue, celui qui, devant chaque misère, accuse "le système", celui qui incarne sans partage le bien (…). Pour
s’arroger l’exclusivité du bien, la gauche antiréformiste de la seconde partie
du XXè siècle s’est forgé un outil : je l’appellerai "sociologisme". Il est cette dérive de la sociologie qui s’est
donné pour mission de restaurer idéologiquement un mur de Berlin que le dégoût
de l’oppression avait pourtant fini par faire tomber ».
Ce « sociologisme » serait devenu,
insidieusement, la pensée dominante : « Qu’il
s’agisse de la réintroduction des ours, d’un licenciement à la Poste ou du
meurtre de Juifs perpétré par un jihadiste dans une école, c’est le
sociologisme qui, immanquablement, dit le bien et le mal, repris par les
rédactions, les chroniqueurs, les humoristes, les parlementaires, sous les yeux
de plus en plus indifférents des citoyens désespérés »[7]. Un
« mur de Berlin » idéologique auquel Philippe Val promet de
s’attaquer sans faire de prisonniers : « Face
à ce mur derrière lequel agonise le débat démocratique, Malaise dans
l’inculture propose la réhabilitation du
marteau-piqueur »[8].
Mais de toute évidence, l’auteur a confondu
marteau-piqueur et pistolet à bouchons. On s’attend en effet, devant de telles
promesses, à un examen, voire même à une analyse rigoureuse et argumentée (Philippe
Val n’est-il pas le Spinoza de 2015 ?) des « dérives de la
sociologie ». Mais il n’en est rien. Car si les pages sur Rousseau sont
nombreuses, celles sur les sociologues le sont beaucoup moins. Sauf erreur de
notre part, Philippe Val ne se réfère à aucun
ouvrage de sociologie, n’évoque les noms que de quatre sociologues[9] (Pierre Bourdieu
(à trois reprises), Loïc Wacquant (une fois) et le couple Pinçon-Charlot (à trois
reprises)) et ne propose, comme nous le verrons, aucune lecture critique de
leurs travaux.
Peut-être l’explication se trouve-t-elle dans
l’introduction : « Pour ce qui
concerne la lecture, j’obéis à une sévère discipline. N’étant pas immortel [ah
bon ?], je n’ai pas de temps à perdre avec des auteurs qui ne m’inspirent
pas la gratitude accompagnant une bonne lecture »[10]. Ceci
explique peut-être cela : Philippe Val s’attaque au
« sociologisme » sans connaître la sociologie, et s’en prend aux
« sociologues » sans se référer aux travaux d’un seul d’entre eux,
probablement parce qu’il ne les connaît pas, faute de les avoir lus.
« Malaise dans l’inculture », qu’il disait…
Philippe
Val ne dessine pas mais il aime quand même les caricatures
Difficile, dès lors, de critiquer avec rigueur et
honnêteté les « dérives de la sociologie ». Philippe Val a donc
recours à un procédé qui, s’il a fait ses preuves dans le dessin de presse, est
beaucoup moins heureux lorsque l’on prétend faire œuvre de connaissance et marcher
sur les pas de Socrate et Platon : la caricature.
Après avoir minutieusement épluché l’ouvrage du
successeur de Montaigne, nous n’avons trouvé qu’une seule définition
synthétique (au cours d’un développement consacré au… rap) de ce que serait la
« sociologie » à laquelle Philippe Val prétend s’attaquer. Et attention,
ça décoiffe : « "Le
système est pourri, et c’est l’argent qui pourrit tout", c’est le
discours sociologique dominant »[11]. Tout
simplement.
Cette formule caricaturale n’est pas un accident.
En témoigne ce passage, qui illustre non seulement la profondeur d’esprit de
Philippe Val mais aussi sa grande connaissance des travaux sociologiques qu’il
« critique » : « La
vulgate sociologique, telle qu’elle nourrit le discours des sociologues
médiatiques comme les Pinçon-Charlot – qui consacrent leur vie à convaincre
leur public que l’habitant des beaux quartiers aurait davantage sa place dans
un camp de travail – témoigne d’un mouvement de fond dénonciateur, complotiste
et intellectuellement paralysé par un endoctrinement confortable et
simpliste ».
Contrairement à Philippe Val, qui ne fait jamais
dans le « simplisme ».
Surtout pas quand il compare Edgar Morin à… Joseph
Staline. Non ? Si : « Au
nom des intérêts du peuple, Staline aurait prononcé cette phrase plus profonde
qu’il n’y paraît : "Pas d’hommes, pas de problèmes". C’est ce
que développe Edgar Morin – encore lui – en termes plus choisis, quand il fait
l’éloge de Rousseau (…) »[12]. Ou encore[13],
lorsqu’il compare Pierre Bourdieu à… Mao Zedong (« quarante millions de morts ») et aux Khmers Rouges (« [qui] ont assassiné deux millions de
leurs concitoyens »), avec lesquels le sociologue français partagerait
« cette idée que la culture enchaîne
et corrompt ».
Chacun avouera qu’il est plus aisé de pratiquer
raccourcis, caricatures et amalgames outranciers que de produire une critique
argumentée des thèses que l’on prétend combattre. Philippe Val suit en réalité
(sans le savoir ?) les conseils d’Arthur Schopenhauer (L’art d’avoir toujours raison), ici le « stratagème
24 » : « On
arrache à la proposition de l’adversaire, en tirant d’elle de fausses
conséquences et en gauchissant ses concepts, des propositions qui ne s’y
trouvent pas et n’ont rien à voir avec l’opinion de l’adversaire, et sont, tout
au contraire, absurdes ou dangereuses ».
Voilà qui est malaisé lorsque l’on dénonce dans le
même temps, comme le fait l’auteur, la malhonnêteté intellectuelle de
« l’autre » : « Le
sociologisme entretient une haine sociale qui transforme le débat démocratique
en joute binaire et stérile. L’insulte claquemure chacun dans un camp et plus
personne ne cherche à comprendre ce qui peut être honorable dans le camp
adverse »[14]. La
paille, la poutre et le marteau-piqueur…
Interlude :
Philippe Val n’aime pas l’écologie
« Projetons sur un écran les zones
industrielles qui saccagent les paysages, les banlieues-dortoirs qui rivalisent
de tristesse, l’air des grandes villes qui noircit les murs et les poumons, les
périphériques saturés, la nuisance incessante des bruits d’engins divers.
Sur l’écran d’à côté, projetons la verdure, les
fleurs de mai, le soleil dans les feuilles, les chants d’oiseau, une silhouette
penchée sur des plants de tomates et, à la nuit, la lune qui jaillit comme un
ballon blanc entre deux collines, lancée dans le ciel par l’éternelle enfance
du monde.
À première vue, ça ne se discute pas. Le bucolique
primitif l’emporte en séduction. Mais il faut savoir que, dans ce chromo
rousseauiste, les mœurs sont rudes. L’école et l’hôpital, s’ils existent, sont
éloignés et il faut y aller à pied. Dans l’école on apprend à distinguer un
chêne d’une laitue, dans l’hôpital on soigne le sida et le cancer avec de la
camomille, et l’anesthésie, c’est un bâton qu’il faut serrer entre les
dents. »[15]
Philippe
Val aime raconter n’importe quoi
Après cette parenthèse bucolique, revenons à nos
moutons. On a vu que Philippe Val n’aimait pas beaucoup ses contemporains, à
l’exception notable de Val Philippe, mais qu’il avait les plus grandes
difficultés à expliquer précisément pourquoi. Il est obligé de s’inventer des
adversaires imaginaires défendant des thèses imaginaires afin de pouvoir
ensuite mieux les pourfendre. Notons au passage cette nouvelle preuve d’égocentrisme :
Philippe Val n’a pas daigné, dans le livre, remercier son fidèle écuyer, Sancho
Pança.
Le problème, c’est qu’à force de s’inventer des
ennemis et de procéder par raccourcis et amalgames, on finit par raconter
n’importe quoi : propos franchissant allègrement le mur du ridicule,
oublis, petits et gros mensonges.
Propos
ridicules ? Oui. À titre
d’exemple, signalons cette profonde réflexion du maître, qui vient à l’appui de
sa critique de certains écologistes, en l’occurrence les défenseurs du
« bio » : « Quand on
parle d’aliments non traités, je pense toujours à la cigüe parfaitement
biologique que l’on a fait boire à Socrate, et qui a emporté sa vie le plus
biologiquement et naturellement du monde. S’il est bien une histoire fondatrice
qui nous raconte la guerre que se livre l’idéologie "naturelle" et
l’intelligence, c’est l’élimination de Socrate grâce à un produit certifié "AB" »[16].
Ou comment invoquer Socrate pour développer un ridicule
raisonnement par… syllogisme : La cigüe est un produit naturel ; or Socrate
est mort en buvant de la cigüe ; donc les produits naturels tuent les gens
intelligents. CQFD[17].
Oublis ? Oui. Et ils sont nombreux. On retiendra ici
l’exemple de « l’affaire Siné », que Philippe Val relate pour
illustrer l’idée selon laquelle pour le « sociologisme », « la réalité doit se conformer à ce que
l’on pense » : « Du
jour où, avec l’accord de la rédaction de Charlie, j’ai licencié Siné pour une chronique dont j’avais jugé inacceptable
la coloration antisémite, le "journalisme médias", chambre d’écho
fidèle du sociologisme, a décrété que j’étais passé dans le camp du mal. Et
lorsque l’on est rangé dans ce camp, tous les coups sont permis, et surtout,
impunis, car je répugne à traîner un journal devant les tribunaux »[18].
Ce qu’oublie de préciser Sigmund Philippe Val au sujet de
« l’affaire Siné », c’est que le TGI de Paris a, par un jugement
rendu le 30 novembre 2010, condamné Charlie
Hebdo[19] pour licenciement abusif, déclarant notamment « [qu’]il ne peut être prétendu que les termes de la
chronique de Maurice Sinet sont antisémites, (…) ni que celui-ci a commis une
faute en les écrivant ». Voilà qui explique peut-être pourquoi Philippe Val,
en l’espèce, « répugne à traîner un journal devant les tribunaux ».
Et voilà qui fait tache lorsque l’on prétend que c’est pour
« l’autre » que « la réalité doit se conformer à ce que l’on
pense »…
Mensonges ? Oui. Comme dans le cas des
accusations portées contre Le Canard Enchaîné, lors d’un passage
du livre où, une fois de plus, Philippe Val relate une « petite
histoire personnelle » supposée illustrer un propos plus général, en
l’occurrence au sujet des dérives de certains médias. L’ex-directeur de France
Inter explique ainsi[20]
que Le Canard Enchaîné aurait, en 2013, « repris sans les
vérifier » les termes d’un tract syndical s’en prenant à Philippe Val,
termes qui « évidemment, sont des inventions ». Et d’asséner
un coup de marteau-piqueur au Canard : « Le Canard
Enchaîné est informé de son erreur, aisément vérifiable. Et que croyez-vous
qu’il arriva ? Que Le Canard fit un démenti en lieu et place de sa
diffamation ? Ce temps est révolu. Aucun démenti. Jamais ».
Et pour
cause. On apprend en effet dans Le Canard Enchaîné du 15 avril 2015 que « l’écho
n’a jamais existé que dans l’imagination de Philippe Val », en
d’autres termes que l’histoire a été inventée de toutes pièces. Convaincu
publiquement de son erreur, Philippe Val a depuis présenté des excuses et
expliqué que « correction sera apportée au prochain tirage [du
livre] ». Dont acte. Mais lorsque l’on prétend, comme il le fait dans
le dernier chapitre de son livre, donner des leçons de responsabilité, de
déontologie et de rigueur aux journalistes, ça la fout mal.
Philippe
Val n’aime pas les indignations à géométrie variable, sauf les siennes
Corollaire indispensable de cette malhonnêteté
intellectuelle, la capacité de Philippe Val à reprocher aux autres ce qu’il
adore lui-même pratiquer : l’indignation à géométrie variable.
Exemple récurrent : le Moyen-Orient et
l’engagement en soutien aux droits des Palestiniens. Ainsi, l’homme au
marteau-piqueur s’insurge : « Où
sont les manifestations de rue en France pour défendre les chrétiens d’Orient
alors que les manifestations propalestiniennes sont sans commune mesure, en
nombre, en passion et en violence ? Cette sélectivité de l’indignation est
le résultat d’une prescription médiatique et intellectuelle »[21].
Comprendre : les « propalestiniens » ont des indignations
sélectives. Explication : « l’antisionisme
n’est plus qu’un antisémitisme avec un faux nez »[22].
On notera tout d’abord que Philippe Val compare la
politique de l’État d’Israël vis-à-vis des Palestiniens avec celle de l’État
islamique vis-à-vis des Chrétiens d’Orient. Une comparaison dont nous lui
laissons la responsabilité. On notera surtout que l’ex-patron de Charlie Hebdo s’insurge contre la
passivité des « bien-pensants »[23] face
aux exactions dont sont victimes certaines populations du Moyen-Orient. On en
déduit donc que Philippe Val est solidaire desdites populations, en butte à
l’injustice et à la violence, et qu’il ne va pas manquer de témoigner de son
indignation face au sort réservé aux Palestiniens par l’État d’Israël, qui
viole les résolutions de l’ONU, les conventions de Genève et les avis de la
Cour Internationale de Justice.
Erreur. Écoutons Philippe Val parler des
bombardements israéliens sur la bande de Gaza à l’été 2014 : « Imaginons une minute que des
terroristes aient conquis la Belgique et projettent de faire disparaître la
France en tirant des roquettes sur Lille, Maubeuge, Tourcoing, Metz, Nancy… Que
doit faire l’État ? Déplorer que les pauvres terroristes qui leur tirent
dessus n’arrivent pas à conquérir le territoire qu’ils convoitent et trouvent
normal de voir des roquettes tomber sur des bâtiments civils ? »[24].
Memento à l’usage de Philippe Val :
- Les Palestiniens n’ont pas « conquis »
la bande de Gaza : ils y vivent depuis des générations.
- Jusqu’à preuve du contraire, la France n’impose pas de blocus à la Belgique.
- Les Palestiniens ne peuvent pas « faire
disparaître » l’État d’Israël, première puissance militaire régionale,
dotée de l’arme nucléaire.
- L’été dernier, ce sont les bombes israéliennes
qui ont tué 75% de civils, tandis que les armes palestiniennes ont tué plus de
90% de militaires.
On ne pourra en outre s’empêcher de relever que
Philippe Val dénonce les écrits de Rousseau (et par extension tous ceux qui
estiment que Rousseau n’est pas un ennemi irréductible de la démocratie) lorsque l'auteur des Confessions estime que l’État a le droit de vie ou de mort sur ses citoyens : « Affirmer que la vie d’un individu
n’est pas un don de la nature mais qu’elle est un don conditionnel de l’État,
lequel peut la lui retirer s’il juge que les conditions pour qu’il continue à
vivre ne sont pas remplies, c’est la base du fascisme »[25].
Noble propos. Mais s’agit-il, au-delà de l’argutie
consistant à assimiler au « fascisme » quiconque trouve une certaine
pertinence aux écrits de Rousseau, de dénoncer, ce qui semblerait logique au vu
des propos rapportés ci-dessus, les États qui ont recours à cette pratique
archaïque qu’est la peine de mort ?
Non. Enfin si. Enfin pas tout à fait. Enfin pas
tous. Car, s’il s’agit de défendre les États-Unis, tout
est permis : « Si ce pays
puissant [les États-Unis] ne représente pas un espoir et s’il n’est pas un pays
ami pour la France, alors, c’est qu’il n’y a rien plus rien à comprendre. Les
Américains nous ont sauvés deux fois, et nous ont offert un cinéma, une
musique, une littérature qui ont émerveillé notre enfance et notre âge adulte,
et on les déteste ? »[26]. Aux
États-Unis, on peut « retirer la vie d’un individu si l’on juge que
les conditions pour qu’il continue à vivre ne sont pas remplies ». Mais ce
n’est pas « la base du
fascisme ». C’est différent. Car c’est… l’Occident.
À suivre : la « pensée Val ».
[1] p. 14.
[2] p. 34.
[3] p. 141.
[4] p. 128.
[5] p. 283.
[6] p. 27-28.
[7] 4ème de couverture,
signé par l’auteur.
[8] Idem.
[9] Liste à laquelle on peut
ajouter Edgar Morin, qui n’est pas à proprement parler un sociologue, mais qui
est assimilé au « sociologisme ». On pourra également noter que si le 4ème de couverture du livre évoque « la nostalgie totalitaire d'Alain Badiou », à l'intérieur du livre, on ne trouve pas une ligne à propos de Badiou Alain.
[10] p. 37.
[11] p. 104.
[12] p. 72.
[13] p. 46-47.
[14] p. 195.
[15] p. 149
[16] p. 142.
[17] À noter également cette
petite perle : « On dira qu’à
l’époque [le 18è siècle], il y avait une majorité d’analphabètes qui ignorait
tout du génie des Lumières. C’est en partie faux. L’esprit de ces artistes a
touché la quasi-totalité de la société de l’époque. Même les illettrés savaient
qui était Voltaire, et son profil était aussi célèbre que celui de Michael
Jackson aujourd’hui. Certes, la substance de sa pensée était réservée à une
petite élite, mais l’esprit de son temps, l’air de son temps, tout le monde le
respirait » (p. 138).
[18] p. 228.
[19] Plus
précisément la société Les Éditions Rotatives.
[20] p. 243-244.
[21] p. 232-233.
[22] p. 176.
[23] p. 232.
[24] p. 232-233.
[25] p. 65.
[26] p. 209-210.
excellent
RépondreSupprimerce type est absolument abject. C'est un médiocre, un petit épicier, un vaniteux, et il est en plus persuadé d'être un grand penseur... Et à lire les extraits proposés, j'hésite entre la colère, l'éclat de rire irrepressible, l'envie de lui mettre dans les pattes un contradicteur digne de ce nom qui lui mettrait le nez dans ses déjections sous les rires de la foule. Son intervention chez Cohen est à vomir, lorsqu'il explique, comme un Séguéla d'opérette,qu' une vie réussie, est une vie qui est parvenue à déjouer le déterminisme social... Ce type mélange tout, ne sait rien, se prévaut d'une culture qu'il n'a pas, si on excepte les lectures en diagonale d'abrégés pour le bac, et il se permet de donner des leçons. Il était tout aussi imbuvable, suffisant et inculte dans ces éditos de Charlie Hebdo, au point de me faire abandonner sa lecture en 1996... Mais à l'époque il bénéficiait d'une aura dans les milieux de gauche, aura je incompréhensible pour moi. Tout en lui n'est qu'abjection, mensonge, manipulation, imputation sans preuves; C'est le bourgeois gentilhomme du stalinisme, ou de n'importe quel système autoritaire, le petit concierge haineux qui balance des rumeurs et fait arrêter ses voisins pour récupérer l'oseille. Tous ceux qui ont tremper dans ses petites magouilles de bas étage qui ont sali des gens méritants ne valent guère mieux, même le doux anti-militariste Cabu (très gentil et talentueux, mais dont la montre s'était arrêté en 1965 pour être sympa), et toute la bande de ceux qu'on a pleuré en janvier, avec tout le respect que j'ai pour les deuils et douleurs de proches, les Maris,Wolinski, et consorts... Oui, je suis en colère, qu'un tel minus ait autant d'importance, encore une fois, qu'il distille son poison, et son venin, son ignorance satisfaite de bourgeois passant assurément plus de temps dans les cocktails mondains que dans les livres, que de toute façon , il n'est pas en mesure de comprendre. Honte à tous ceux qui font la promo de ces clowns tristes comme Zemmour, ou autres sinistres du même acabit, et merci à l'auteur du blog pour son courage... se taper un tel tissu d'inepties, ça force le respect, je n'aurais pas tenu personnellement 10 pages sans vomir.
RépondreSupprimerLe blog est excellent et tu as fait une très bonne analyse qui complète bien l'article, Val a complètement dénaturé Charlie et c'est "grâce" à lui que j'ai arrêté d'acheter et donc de lire Charlie!!! J'attends avec impatience la suite...
SupprimerTiens, je ne suis donc pas le seul à avoir cesser de lire charlie hebdo grâce (?) à val (censure de Lefred Thouron pour un dessin sur Font).
SupprimerMerci pour ce billet qui dégonfle l'énorme baudruche de cet "intellectuel de complément" qu'est Philippe Val. Incroyable qu'un tel médiocre penseur soit de toutes les tribunes, télé, radio, journaux. Merci à vous Julien. Et vive la sociologie (qui est un sport de combat !!)
RépondreSupprimerC'est ce qu'on appel une piqûre de rappel tant ce type collectionne les laisses d'or.
RépondreSupprimerL'un de ses pics de dégueulasseries racistes et obsessionnelles à la Finkie à été atteint un certain 8 janvier dernier. À France Inter où il était invité à venir pleurer ses "amis" à chaud et en public, histoire de bien montrer au monde et malgré lui que le commando fou avait vraiment foirer le boulot. Je rigole hein.
Quoi qu'il en soit ce jour là PREMIÈRE chose qu'il trouvait à dire entre deux sanglots d'enfant gâté dont on aurait détruit des jouets dont il ne se servait de toute façon plus, à été pour je cite (à peu près) "le problème islamiste qu'il y'a dans ce pays (la France)".
Ses premières paroles auront donc été de jeté un anathème bien dégueulasse sur la communauté musulmane française et ainsi de souffler sur le brasier ardent à ce moment précis des haines de tout un pays en proie au choc laissé par la tragédie. Je n'ai qu'un mot pour désigner un tel comportement : salaud.
Si vous lisez un jour cet article et ses commentaires Val, sachez que dans mon coeur et celui de beaucoup d'autres votre place se situe entre celle d'un Drieu La Rochelle, pour la haine et la position et de Stéphane Collaro, pour le talent et la pertinence idéologique de vos propos.
Détestablement vôtre.
Il y a une question que je me pose ; qui aime Philippe val ?
RépondreSupprimerZemmour est adoré par des vieux ou jeunes réactionnaires, ils le trouvent rentre-dedans, teigneux dans les débats... d'autres aiment Finkielkraut pour ses idées et sa culture littéraire... sa tristesse "savante".
Mais Val.. qui aime ce cuistre ?? ce type est une caricature qui suinte le mépris et la suffisance. La chronique qu'il avait faite sur france inter après le non au projet de constitution européenne était un monument de haine du peuple notamment.
Qui peut aimer ce méga con ; par curiosité, j'aimerai bien rencontrer une personne qui l'apprécie.
Merci pour votre courage d'avoir pu lire ce livre et écrire cet article, j'espère que vous avez bien ri au moins.
Philippe Val est un exemple pour moi : je ne suis pas assez intelligent pour parler, je préfère donc la fermer.
RépondreSupprimerMerde, raté.
Je voulais vous signaler une petite erreur vous écrivez la "pensée Val", ne devriez-vous pas écrire la "pensée" Val parce que Val est certain mais la pensée... je suis comme la truie, je doute sérieusement.
RépondreSupprimerC'est amusant dès que j'entends le mot Val - non je ne sors pas mon revolver comme aurait dit l'un de ses probables précurseurs (mais j'exagère toujours) - mais je pense au fantastique tableau de George Grosz "Les Piliers de la Société"... surtout au personnage en frack situé derrière les deux premiers. Sans doute un problème de distorsion mentale.
RépondreSupprimerPourquoi consacrer un article aussi long à quelqu'un que vous l'aimez pas ? Pourquoi même lire son livre ? Finalement, cela traduit davantage votre intérêt et votre fascination pour le personnage qu'un quelconque rejet.
RépondreSupprimerBien au contraire, pour combattre ses ennemis il faut les connaitre. Je trouve très courageux de se farcir un tel bouquin. C'est à cause de lui que j'ai rompu mon abonnement à Charlie, voilà bien des années. Pour son esprit va t'en guerre, pour son fantasme défensif de l'état d’Israël, pour son mépris des musulmans et pour son allégeance aux puissants. La preuve étant faite lorsqu'il a viré Siné pour avoir titillé la princesse du rocher de Monaco.
RépondreSupprimerC'est un intellectuel "Canada Dry"
tout est dit !
RépondreSupprimerQuel courage de lire un tel ramassis de conneries (pauvre Montaigne). Merci de l'avoir fait pour nous.
RépondreSupprimerMerci de cet article salubre! Entendu Val à la Grande Librairie, pérorant sous l'oeil consterné d'Erri de Luca et de Delphine Minoui... Mais pourquoi donc François Busnel y a-t-il servi la soupe à cette baudruche prétentieuse et inculte?
RépondreSupprimerBonsoir vous relatez une critique du canard enchainé à propos du livre, je trouve surprenant que pour l'instant ni vous ni acrimed n'ai trouvé le temps de relater un article paru dans la même édition intitulé "squatteurs de contrastes" qui relater les délire médiatique de la pauvre octogénaire Maryvonne Thamin... Et des nombreux mensonges diffusé par les médias, reprenant sans la moindre enquète, les propos de la pauvre octogenère.
RépondreSupprimerQuand a Val, il y ai des gens dont il n'a guère d'intéret à s'occuper, les idées dominantes d'une époque vous connaissez la suite à quoi bon prouver ad noseum la loi de la gravité...
cordialement quelqu'un qui s'ennerve de voire la ZAD et les squatteurs disparaitre sous la calomnie comme kronstat à une autre époque