vendredi 17 avril 2015

La « méthode Val » : arrogance, caricatures, amalgames, mensonges


Philippe Val a commis un livre.

Le titre, c'est Malaise dans l'inculture

Le pitch, c’est que Philippe Val est très en colère contre la « bien-pensance ».

Comme je suis en vacances, j’ai décidé de le lire, entre le dernier Maxime Chattam et un vieil Agatha Christie.

Erreur.

Car quand on lit un pareil texte, difficile de garder son calme, a fortiori quand dans le même temps on subit la tournée médiatique triomphale de Philippe Val, invité partout pour pérorer à propos de ce livre.

D'où cette réaction, qui sera divisée en deux parties. Dans ce premier texte, on s’intéressera à la « méthode Val » : arrogance, caricature, mensonges, amalgames, indignations à géométrie variable. Dans un second texte, que l'on publiera d'ici quelques semaines, on essaiera de comprendre la « pensée Val », qui s’approche de plus en plus de celle d’Éric Zemmour.


Philippe Val aime beaucoup Philippe Val

La première chose qui frappe dans le livre est la modestie de son auteur.

Ainsi, dès l’ « avertissement au lecteur », rédigé après les tueries de janvier 2015, on apprend ce qui suit : « Son épouse Véronique, Cabu et moi ne nous sommes guère quittés depuis [les années 1970]. Difficile de ne pas évoquer Montaigne, dont il sera beaucoup question dans ce livre, lorsqu’il cherche un peu vainement à expliquer le lien qui l’unissait à La Boëtie : "Parce que c’était lui, parce que c’était moi" »[1]. Ou comment se comparer, l’air de rien, à l’auteur des Essais.

Avant d’oser une autre comparaison, toujours l’air de rien, dans les dernières lignes de l’introduction de l’ouvrage : « Entre notre ancêtre Lucy et nous, il y eut, il y a vingt-cinq siècles, deux Athéniens qui marchaient de long en large sur l’agora. Ils préféraient la discussion à la conversation. Les chapitres qui suivent n’ont qu’un but : que ce miracle ne cesse de se reproduire »[2]. Socrate, Platon, Val, même combat.

Les titres des trois premiers chapitres du livre confirment cette tendance à l’humilité : « Discours sur l’origine et les fondements du sociologisme » ; « Malaise dans la civilisation » ; « Traité sociologico-politique ». Soit trois références à peine voilées (que Philippe Val nous pardonne ce terme) à trois monuments de la pensée : Rousseau, Freud et Spinoza. Dans le premier cas, il s’agit de s’attaquer (péniblement) audit monument. Dans les deux autres, il s’agit d’établir une filiation théorique. Rien que ça…

On comprend dès lors pourquoi Philippe Val ne peut s’empêcher de nous rappeler, régulièrement, sa grandeur et sa hauteur de vue. Par exemple[3] : « J’ai toujours été à la lisière de tous les mouvements qui ont cru voir en moi, un jour ou l’autre, un possible porte-parole. Et quand on a voulu me pousser vers l’intérieur d’un groupe, je me suis senti tellement entravé que j’ai vite repris ma position apatride ». Il se murmure dans certaines rédactions parisiennes que BHL envisagerait de porter plainte pour plagiat…

On comprend aussi pourquoi Philippe Val aime illustrer ses propos à l’aide d’anecdotes personnelles. Car la vie de Philippe Val cristallise, à l’instar de celle de ses prédécesseurs Socrate, Spinoza et Freud, les dynamiques sociales et politiques de son temps.  On peut ainsi lire[4] cette jolie (et modeste) formule, destinée à introduire le récit d’un épisode de la vie de l’ex-patron de France Inter : « Une anecdote personnelle illustre bien la profondeur du phénomène ». Philippe Val, une vie profonde et phénoménale.

Et, au fur et à mesure que l’on avance dans le livre, Philippe Val ne s’encombre plus de détails, et c’est de manière implicite qu’il fait référence à son propre génie : « Si, par exemple, dans la rédaction d’un organe d’information, il n’y a que des bons journalistes et un mauvais directeur, le journal ne sera jamais bon. Une rédaction constituée de journalistes moyens, mais dotée d’un très bon directeur, produira au contraire un bon journal, et les journalistes progresseront. L’idéal, bien sûr, étant d’avoir de bons journalistes et un bon directeur »[5]. Comme Philippe Val ?  


Philippe Val n’aime pas les sociologues, d’ailleurs il ne les a pas lus

Mais venons-en au cœur de l’ouvrage et à la « thèse » de Baruch Philippe Val. Elle est exposée dans l’introduction[6] :

« Longtemps, le représentant du bien a été le "bon chrétien". Désormais, c’est le "bon" sociologue, celui qui, devant chaque misère, accuse "le système", celui qui incarne sans partage le bien (…). Pour s’arroger l’exclusivité du bien, la gauche antiréformiste de la seconde partie du XXè siècle s’est forgé un outil : je l’appellerai "sociologisme". Il est cette dérive de la sociologie qui s’est donné pour mission de restaurer idéologiquement un mur de Berlin que le dégoût de l’oppression avait pourtant fini par faire tomber ».

Ce « sociologisme » serait devenu, insidieusement, la pensée dominante : « Qu’il s’agisse de la réintroduction des ours, d’un licenciement à la Poste ou du meurtre de Juifs perpétré par un jihadiste dans une école, c’est le sociologisme qui, immanquablement, dit le bien et le mal, repris par les rédactions, les chroniqueurs, les humoristes, les parlementaires, sous les yeux de plus en plus indifférents des citoyens désespérés »[7]. Un « mur de Berlin » idéologique auquel Philippe Val promet de s’attaquer sans faire de prisonniers : « Face à ce mur derrière lequel agonise le débat démocratique, Malaise dans l’inculture propose la réhabilitation du marteau-piqueur »[8]

Mais de toute évidence, l’auteur a confondu marteau-piqueur et pistolet à bouchons. On s’attend en effet, devant de telles promesses, à un examen, voire même à une analyse rigoureuse et argumentée (Philippe Val n’est-il pas le Spinoza de 2015 ?) des « dérives de la sociologie ». Mais il n’en est rien. Car si les pages sur Rousseau sont nombreuses, celles sur les sociologues le sont beaucoup moins. Sauf erreur de notre part, Philippe Val ne se réfère à aucun ouvrage de sociologie, n’évoque les noms que de quatre sociologues[9] (Pierre Bourdieu (à trois reprises), Loïc Wacquant (une fois) et le couple Pinçon-Charlot (à trois reprises)) et ne propose, comme nous le verrons, aucune lecture critique de leurs travaux.

Peut-être l’explication se trouve-t-elle dans l’introduction : « Pour ce qui concerne la lecture, j’obéis à une sévère discipline. N’étant pas immortel [ah bon ?], je n’ai pas de temps à perdre avec des auteurs qui ne m’inspirent pas la gratitude accompagnant une bonne lecture »[10]. Ceci explique peut-être cela : Philippe Val s’attaque au « sociologisme » sans connaître la sociologie, et s’en prend aux « sociologues » sans se référer aux travaux d’un seul d’entre eux, probablement parce qu’il ne les connaît pas, faute de les avoir lus. « Malaise dans l’inculture », qu’il disait…


Philippe Val ne dessine pas mais il aime quand même les caricatures

Difficile, dès lors, de critiquer avec rigueur et honnêteté les « dérives de la sociologie ». Philippe Val a donc recours à un procédé qui, s’il a fait ses preuves dans le dessin de presse, est beaucoup moins heureux lorsque l’on prétend faire œuvre de connaissance et marcher sur les pas de Socrate et Platon : la caricature.

Après avoir minutieusement épluché l’ouvrage du successeur de Montaigne, nous n’avons trouvé qu’une seule définition synthétique (au cours d’un développement consacré au… rap) de ce que serait la « sociologie » à laquelle Philippe Val prétend s’attaquer. Et attention, ça décoiffe : « "Le système est pourri, et c’est l’argent qui pourrit tout", c’est le discours sociologique dominant »[11]. Tout simplement.

Cette formule caricaturale n’est pas un accident. En témoigne ce passage, qui illustre non seulement la profondeur d’esprit de Philippe Val mais aussi sa grande connaissance des travaux sociologiques qu’il « critique » : « La vulgate sociologique, telle qu’elle nourrit le discours des sociologues médiatiques comme les Pinçon-Charlot – qui consacrent leur vie à convaincre leur public que l’habitant des beaux quartiers aurait davantage sa place dans un camp de travail – témoigne d’un mouvement de fond dénonciateur, complotiste et intellectuellement paralysé par un endoctrinement confortable et simpliste ».

Contrairement à Philippe Val, qui ne fait jamais dans le « simplisme ».

Surtout pas quand il compare Edgar Morin à… Joseph Staline. Non ? Si : « Au nom des intérêts du peuple, Staline aurait prononcé cette phrase plus profonde qu’il n’y paraît : "Pas d’hommes, pas de problèmes". C’est ce que développe Edgar Morin – encore lui – en termes plus choisis, quand il fait l’éloge de Rousseau (…) »[12]. Ou encore[13], lorsqu’il compare Pierre Bourdieu à… Mao Zedong (« quarante millions de morts ») et aux Khmers Rouges (« [qui] ont assassiné deux millions de leurs concitoyens »), avec lesquels le sociologue français partagerait « cette idée que la culture enchaîne et corrompt ».

Chacun avouera qu’il est plus aisé de pratiquer raccourcis, caricatures et amalgames outranciers que de produire une critique argumentée des thèses que l’on prétend combattre. Philippe Val suit en réalité (sans le savoir ?) les conseils d’Arthur Schopenhauer (L’art d’avoir toujours raison), ici le « stratagème 24 » : « On arrache à la proposition de l’adversaire, en tirant d’elle de fausses conséquences et en gauchissant ses concepts, des propositions qui ne s’y trouvent pas et n’ont rien à voir avec l’opinion de l’adversaire, et sont, tout au contraire, absurdes ou dangereuses ».

Voilà qui est malaisé lorsque l’on dénonce dans le même temps, comme le fait l’auteur, la malhonnêteté intellectuelle de « l’autre » : « Le sociologisme entretient une haine sociale qui transforme le débat démocratique en joute binaire et stérile. L’insulte claquemure chacun dans un camp et plus personne ne cherche à comprendre ce qui peut être honorable dans le camp adverse »[14]. La paille, la poutre et le marteau-piqueur…


Interlude : Philippe Val n’aime pas l’écologie

« Projetons sur un écran les zones industrielles qui saccagent les paysages, les banlieues-dortoirs qui rivalisent de tristesse, l’air des grandes villes qui noircit les murs et les poumons, les périphériques saturés, la nuisance incessante des bruits d’engins divers.
Sur l’écran d’à côté, projetons la verdure, les fleurs de mai, le soleil dans les feuilles, les chants d’oiseau, une silhouette penchée sur des plants de tomates et, à la nuit, la lune qui jaillit comme un ballon blanc entre deux collines, lancée dans le ciel par l’éternelle enfance du monde.
À première vue, ça ne se discute pas. Le bucolique primitif l’emporte en séduction. Mais il faut savoir que, dans ce chromo rousseauiste, les mœurs sont rudes. L’école et l’hôpital, s’ils existent, sont éloignés et il faut y aller à pied. Dans l’école on apprend à distinguer un chêne d’une laitue, dans l’hôpital on soigne le sida et le cancer avec de la camomille, et l’anesthésie, c’est un bâton qu’il faut serrer entre les dents. »[15]


Philippe Val aime raconter n’importe quoi

Après cette parenthèse bucolique, revenons à nos moutons. On a vu que Philippe Val n’aimait pas beaucoup ses contemporains, à l’exception notable de Val Philippe, mais qu’il avait les plus grandes difficultés à expliquer précisément pourquoi. Il est obligé de s’inventer des adversaires imaginaires défendant des thèses imaginaires afin de pouvoir ensuite mieux les pourfendre. Notons au passage cette nouvelle preuve d’égocentrisme : Philippe Val n’a pas daigné, dans le livre, remercier son fidèle écuyer, Sancho Pança.

Le problème, c’est qu’à force de s’inventer des ennemis et de procéder par raccourcis et amalgames, on finit par raconter n’importe quoi : propos franchissant allègrement le mur du ridicule, oublis, petits et gros mensonges.

Propos ridicules ? Oui. À titre d’exemple, signalons cette profonde réflexion du maître, qui vient à l’appui de sa critique de certains écologistes, en l’occurrence les défenseurs du « bio » : « Quand on parle d’aliments non traités, je pense toujours à la cigüe parfaitement biologique que l’on a fait boire à Socrate, et qui a emporté sa vie le plus biologiquement et naturellement du monde. S’il est bien une histoire fondatrice qui nous raconte la guerre que se livre l’idéologie "naturelle" et l’intelligence, c’est l’élimination de Socrate grâce à un produit certifié "AB" »[16].

Ou comment invoquer Socrate pour développer un ridicule raisonnement par… syllogisme : La cigüe est un produit naturel ; or Socrate est mort en buvant de la cigüe ; donc les produits naturels tuent les gens intelligents. CQFD[17].

Oublis ? Oui. Et ils sont nombreux. On retiendra ici l’exemple de « l’affaire Siné », que Philippe Val relate pour illustrer l’idée selon laquelle pour le « sociologisme », « la réalité doit se conformer à ce que l’on pense » : « Du jour où, avec l’accord de la rédaction de Charlie, j’ai licencié Siné pour une chronique dont j’avais jugé inacceptable la coloration antisémite, le "journalisme médias", chambre d’écho fidèle du sociologisme, a décrété que j’étais passé dans le camp du mal. Et lorsque l’on est rangé dans ce camp, tous les coups sont permis, et surtout, impunis, car je répugne à traîner un journal devant les tribunaux »[18].

Ce qu’oublie de préciser Sigmund Philippe Val au sujet de « l’affaire Siné », c’est que le TGI de Paris a, par un jugement rendu le 30 novembre 2010, condamné Charlie Hebdo[19] pour licenciement abusif, déclarant notamment « [qu’]il ne peut être prétendu que les termes de la chronique de Maurice Sinet sont antisémites, (…) ni que celui-ci a commis une faute en les écrivant ». Voilà qui explique peut-être pourquoi Philippe Val, en l’espèce, « répugne à traîner un journal devant les tribunaux ». Et voilà qui fait tache lorsque l’on prétend que c’est pour « l’autre » que « la réalité doit se conformer à ce que l’on pense »… 

Mensonges ? Oui. Comme dans le cas des accusations portées contre Le Canard Enchaîné, lors d’un passage du livre où, une fois de plus, Philippe Val relate une « petite histoire personnelle » supposée illustrer un propos plus général, en l’occurrence au sujet des dérives de certains médias. L’ex-directeur de France Inter explique ainsi[20] que Le Canard Enchaîné aurait, en 2013, « repris sans les vérifier » les termes d’un tract syndical s’en prenant à Philippe Val, termes qui « évidemment, sont des inventions ». Et d’asséner un coup de marteau-piqueur au Canard : « Le Canard Enchaîné est informé de son erreur, aisément vérifiable. Et que croyez-vous qu’il arriva ? Que Le Canard fit un démenti en lieu et place de sa diffamation ? Ce temps est révolu. Aucun démenti. Jamais ».

Et pour cause. On apprend en effet dans Le Canard Enchaîné du 15 avril 2015 que « l’écho n’a jamais existé que dans l’imagination de Philippe Val », en d’autres termes que l’histoire a été inventée de toutes pièces. Convaincu publiquement de son erreur, Philippe Val a depuis présenté des excuses et expliqué que « correction sera apportée au prochain tirage [du livre] ». Dont acte. Mais lorsque l’on prétend, comme il le fait dans le dernier chapitre de son livre, donner des leçons de responsabilité, de déontologie et de rigueur aux journalistes, ça la fout mal.


Philippe Val n’aime pas les indignations à géométrie variable, sauf les siennes

Corollaire indispensable de cette malhonnêteté intellectuelle, la capacité de Philippe Val à reprocher aux autres ce qu’il adore lui-même pratiquer : l’indignation à géométrie variable.

Exemple récurrent : le Moyen-Orient et l’engagement en soutien aux droits des Palestiniens. Ainsi, l’homme au marteau-piqueur s’insurge : « Où sont les manifestations de rue en France pour défendre les chrétiens d’Orient alors que les manifestations propalestiniennes sont sans commune mesure, en nombre, en passion et en violence ? Cette sélectivité de l’indignation est le résultat d’une prescription médiatique et intellectuelle »[21]. Comprendre : les « propalestiniens » ont des indignations sélectives. Explication : « l’antisionisme n’est plus qu’un antisémitisme avec un faux nez »[22].

On notera tout d’abord que Philippe Val compare la politique de l’État d’Israël vis-à-vis des Palestiniens avec celle de l’État islamique vis-à-vis des Chrétiens d’Orient. Une comparaison dont nous lui laissons la responsabilité. On notera surtout que l’ex-patron de Charlie Hebdo s’insurge contre la passivité des « bien-pensants »[23] face aux exactions dont sont victimes certaines populations du Moyen-Orient. On en déduit donc que Philippe Val est solidaire desdites populations, en butte à l’injustice et à la violence, et qu’il ne va pas manquer de témoigner de son indignation face au sort réservé aux Palestiniens par l’État d’Israël, qui viole les résolutions de l’ONU, les conventions de Genève et les avis de la Cour Internationale de Justice.

Erreur. Écoutons Philippe Val parler des bombardements israéliens sur la bande de Gaza à l’été 2014 : « Imaginons une minute que des terroristes aient conquis la Belgique et projettent de faire disparaître la France en tirant des roquettes sur Lille, Maubeuge, Tourcoing, Metz, Nancy… Que doit faire l’État ? Déplorer que les pauvres terroristes qui leur tirent dessus n’arrivent pas à conquérir le territoire qu’ils convoitent et trouvent normal de voir des roquettes tomber sur des bâtiments civils ? »[24]. 

Memento à l’usage de Philippe Val :

- Les Palestiniens n’ont pas « conquis » la bande de Gaza : ils y vivent depuis des générations.
- Jusqu’à preuve du contraire, la France n’impose pas de blocus à la Belgique.
- Les Palestiniens ne peuvent pas « faire disparaître » l’État d’Israël, première puissance militaire régionale, dotée de l’arme nucléaire.
- L’été dernier, ce sont les bombes israéliennes qui ont tué 75% de civils, tandis que les armes palestiniennes ont tué plus de 90% de militaires.

On ne pourra en outre s’empêcher de relever que Philippe Val dénonce les écrits de Rousseau (et par extension tous ceux qui estiment que Rousseau n’est pas un ennemi irréductible de la démocratie) lorsque l'auteur des Confessions estime que l’État a le droit de vie ou de mort sur ses citoyens : « Affirmer que la vie d’un individu n’est pas un don de la nature mais qu’elle est un don conditionnel de l’État, lequel peut la lui retirer s’il juge que les conditions pour qu’il continue à vivre ne sont pas remplies, c’est la base du fascisme »[25].

Noble propos. Mais s’agit-il, au-delà de l’argutie consistant à assimiler au « fascisme » quiconque trouve une certaine pertinence aux écrits de Rousseau, de dénoncer, ce qui semblerait logique au vu des propos rapportés ci-dessus, les États qui ont recours à cette pratique archaïque qu’est la peine de mort ?  

Non. Enfin si. Enfin pas tout à fait. Enfin pas tous. Car, s’il s’agit de défendre les États-Unis, tout est permis : « Si ce pays puissant [les États-Unis] ne représente pas un espoir et s’il n’est pas un pays ami pour la France, alors, c’est qu’il n’y a rien plus rien à comprendre. Les Américains nous ont sauvés deux fois, et nous ont offert un cinéma, une musique, une littérature qui ont émerveillé notre enfance et notre âge adulte, et on les déteste ? »[26]. Aux États-Unis, on peut « retirer la vie d’un individu si l’on juge que les conditions pour qu’il continue à vivre ne sont pas remplies ». Mais ce n’est pas « la base du fascisme ». C’est différent. Car c’est… l’Occident.

À suivre : la « pensée Val ».





[1] p. 14.
[2] p. 34.
[3] p. 141.
[4] p. 128.
[5] p. 283.
[6] p. 27-28.
[7] 4ème de couverture, signé par l’auteur.
[8] Idem.
[9] Liste à laquelle on peut ajouter Edgar Morin, qui n’est pas à proprement parler un sociologue, mais qui est assimilé au « sociologisme ». On pourra également noter que si le 4ème de couverture du livre évoque « la nostalgie totalitaire d'Alain Badiou », à l'intérieur du livre, on ne trouve pas une ligne à propos de Badiou Alain. 
[10] p. 37.
[11] p. 104.
[12] p. 72.
[13] p. 46-47.
[14] p. 195.
[15] p. 149
[16] p. 142.
[17] À noter également cette petite perle : « On dira qu’à l’époque [le 18è siècle], il y avait une majorité d’analphabètes qui ignorait tout du génie des Lumières. C’est en partie faux. L’esprit de ces artistes a touché la quasi-totalité de la société de l’époque. Même les illettrés savaient qui était Voltaire, et son profil était aussi célèbre que celui de Michael Jackson aujourd’hui. Certes, la substance de sa pensée était réservée à une petite élite, mais l’esprit de son temps, l’air de son temps, tout le monde le respirait » (p. 138).
[18] p. 228.
[19] Plus précisément la société Les Éditions Rotatives.
[20] p. 243-244.
[21] p. 232-233.
[22] p. 176.
[23] p. 232.
[24] p. 232-233.
[25] p. 65.
[26] p. 209-210.

mercredi 15 avril 2015

Les aboiements de trois chiens de garde aux basques de Cécile Duflot

Le 15 mars 2015, Cécile Duflot était l’invitée du « Grand rendez-vous » d’Europe 1 avec Le Monde et i>Télé. Trois chiens de garde l’ont accueillie dans leur chenil : Jean-Pierre Elkabbach, Arnaud Leparmentier, Michaël Darmon.

Une émission de référence qui mérite un patient décryptage...