Caroline Fourest a acquis au cours des dernières années une
réputation de journaliste spécialisée dans l’à-peu-prisme, avec la
multiplication de chroniques et d’interventions où se côtoient grosses
approximations, petits mensonges, savants amalgames et subtils raccourcis. Dernier exemple en date, une attaque au vitriol contre le vainqueur des élections internes du Labour britannique, Jeremy Corbyn, accusé (entre autres) de complaisance à l'égard de l'intégrisme et de l'antisémitisme.
Une méthode éprouvée, dont le principal ressort est de
déformer un peu, beaucoup, voire passionnément, la réalité, pour alimenter un
propos à charge contre les cibles préférées de Caroline Fourest : les
« islamistes ». Mais aussi les amis des « islamistes », les
amis de leurs amis et, par extension, tous ceux qui connaissent quelqu’un dont
le voisin a un jour partagé une banquette de métro avec la sœur d’un individu
signataire par le passé d’une pétition également signée par un écrivain dont un
article a été publié sur un site internet relayant par ailleurs des articles
révisionnistes.
Pour rendre hommage à la journaliste et à ses méthodes de
travail, nous avons décidé d’utiliser les mêmes procédés afin de révéler la
face cachée de Caroline Fourest, à la manière de Caroline Fourest[1].
Les liens cachés de
Caroline Fourest avec la dictature tunisienne
En 2006, Caroline Fourest est l’une des signataires de
l’appel « Ensemble
contre le nouveau totalitarisme », qui entend dénoncer l’intégrisme
islamique. Parmi les signataires, on retrouve Antoine Sfeir, avec lequel
Caroline Fourest avait déjà co-signé une tribune en 2005, intitulée « Pour un "moratoire" sur [Tariq] Ramadan ».
Antoine Sfeir est régulièrement invité dans les grands
médias en tant que « spécialiste du monde arabe ». Mais ce que l’on
sait moins, c’est que le « directeur des Cahiers de l’Orient » a
durant longtemps figuré parmi les apologistes de la dictature de Ben Ali, entre
autres et notamment dans son ouvrage Tunisie,
terre de paradoxes (2006), dans lequel on apprenait ce
qui suit :
« Peu dotée par la
nature de ressources minières, [la Tunisie] avance quand même, parce que son
Président a parié sur les capacités et la volonté des Tunisiens, et non sur une
hausse des cours du pétrole ».
Et dans lequel Antoine
Sfeir posait de vraies questions :
« Comment un pays
qui accueille plus de 6 millions de touristes par an, la plupart sans visa,
peut-il être qualifié de régime policier ? »
« Y a-t-il donc lieu de penser que la Tunisie est un pays corrompu ? Objectivement, non ».
Etc.
« Y a-t-il donc lieu de penser que la Tunisie est un pays corrompu ? Objectivement, non ».
Etc.
Avant de se sublimer dans une tribune publiée par Le
Figaro en octobre 2009 :
« Plutôt que de
pointer sans cesse ce qui ne va pas, les esprits chagrins devraient voir que la
Tunisie est un exemple pour toute la région ».
Certains esprits chagrins pourraient à
raison faire remarquer que Caroline Fourest choisit de drôle d’alliés dans sa
croisade contre le « totalitarisme », et que défendre les
« valeurs démocratiques » aux côtés d’un aficionado d’une dictature est pour le moins paradoxal.
Mais n’oublions pas que nous
travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Le double
discours de Caroline Fourest est en effet manifeste : elle s’affiche démocrate, mais ses
accointances avec des apologistes des dictatures démontrent que son véritable projet est l’autoritarisme.
La
possible participation de Caroline Fourest aux massacres de Sabra et
Chatila
On peut d’ailleurs aller encore un peu
plus loin dans cette direction. Antoine Sfeir est en effet un proche d’Antoine
Basbous, fondateur de « l’Observatoire des pays arabes » et également
invité récurrent des grands médias. Mais ce que l’on sait moins, c’est que
Basbous a été durant plus de 10 ans, dans les années 1970 et 1980, journaliste
pour deux médias libanais (le journal Le
Réveil et la radio La Voix du Liban), qui n’étaient pas n’importe quels
médias puisqu’ils étaient au service des Phalanges libanaises. En d’autres
termes, Basbous a « couvert » en étant rémunéré par leurs auteurs les
massacres de Sabra et Chatila (1982), un fait d’armes peu glorieux mais assumé
par Basbous qui deviendra même représentant des Forces libanaises, émanation
politique des milices chrétiennes, en France et en Europe occidentale…
Certains esprits chagrins pourraient à
raison faire remarquer que les amis de Caroline Fourest ont de drôles d’amis,
et que défendre les « valeurs démocratiques » aux côtés d’un proche
d’un ancien cadre phalangiste est pour le moins paradoxal.
Mais n’oublions pas que nous
travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Son double
discours est en effet, là encore, manifeste : elle répète à l’envi qu’elle
est pour la paix entre Israéliens et
Palestiniens, mais ses accointances avec un ex-phalangiste montrent que son
véritable projet est l’élimination
physique des Palestiniens.
Pour
Caroline Fourest, « L’islam c’est la gangrène, ou on l’arrête ou on en meurt »
Si l’on creuse un peu, c’est même
encore pire. Démonstration.
En 2006 toujours, Caroline Fourest
cosigne avec Corinne Lepage et Pierre Cassen une tribune publiée dans Libération et intitulée « Contre
un nouvel obscurantisme ».
Si Corinne Lepage, ancienne ministre de
l’Environnement, est connue du grand public, Pierre Cassen l’est moins, et
c’est dommage. Il est l’un des fondateurs de Riposte laïque, dont il est
aujourd’hui encore l’un des principaux animateurs, et s’est notamment distingué
par l’organisation des premiers « apéros saucisson-pinard » ou encore,
en 2010, avec le Bloc Identitaire, des « Assises contre l’islamisation de
l’Europe ».
Des initiatives ouvertement
islamophobes donc, parfois co-organisées avec l’extrême-droite, dont la plus
récente a été un rassemblement
à Paris le 30 juin dernier, autour de mots d’ordre subtils
(« Hollande-Valls-Cazeneuve Lèche-Babouches », « Stop
immigration », etc.) et au cours duquel des slogans non moins subtils ont
été scandés, au micro, par Pierre Cassen (« Musulmans modérés
complices des islamistes », « L’islam c’est la gangrène, ou on
l’arrête ou on en meurt », etc.).
Certains esprits chagrins pourraient à
raison faire remarquer que, quand bien même elle a, depuis 2006, pris ses distances
avec Pierre Cassen, Caroline Fourest a mêlé sa voix à celle de racistes
patentés, et qu’il ne s’agit pas d’un accident de parcours mais plutôt d’une
conséquence logique de son obsession « anti-islamiste », et d’un
révélateur de la porosité entre son discours et celui d’une certaine
extrême-droite.
Mais n’oublions pas que nous
travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Avec cet
exemple, on se rend en effet compte que Caroline Fourest est le Cheval de Troie de l’extrême-droite la
plus raciste au sein de la gauche française, et qu’elle se pare d’un discours
« laïc » pour mieux assouvir son but : l’élimination physique des Musulmans, considérés comme une maladie.
Caroline Fourest
dérangée par « le bruit et l’odeur » des étrangers
Confirmation de cette détestation de tout ce qui n’est pas
la France de souche avec, en 2006 encore, la réception par Caroline Fourest du
« Prix du livre politique » pour son ouvrage La tentation obscurantiste. Si le Prix est décerné par un jury
essentiellement composé de journalistes, on ne peut s’empêcher de noter qu’il
est remis par le Président de l’Assemblée nationale, qui n’était autre, à
l’époque, que Jean-Louis Debré.
Jean-Louis Debré fut, rappelons-le, ministre de l’Intérieur
entre 1995 et 1997, et il s’est notamment distingué par une politique
ultra-répressive vis-à-vis des étrangers. On se souviendra ainsi de l’expulsion
à la hache des sans-papiers de Saint-Bernard 48h après que le ministre eut
promis que ceux-ci seraient traités « avec humanité et cœur ». Et on
se souviendra aussi de ces déclarations pleines d’humanisme : « Est-ce que vous acceptez que des étrangers viennent
chez vous, s’installent chez vous et se servent dans votre frigidaire ?
Non, bien évidemment ! Eh bien c’est pareil pour la France. »
Certains esprits chagrins pourraient à
raison faire remarquer qu’en acceptant les hommages de Jean-Louis Debré et en
ne faisant montre d’aucune réticence à recevoir un prix de ses mains, Caroline
Fourest a fait la démonstration que, dès lors qu’il s’agit de recevoir un prix
et d’être honorée par les puissants, ses « valeurs » et son
« courage » sont décidément à géométrie variable, de même que ses critères
quant au caractère « fréquentable » ou non de certains individus.
Mais n’oublions pas que nous
travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Car
Jean-Louis Debré est un (très) proche de Jacques Chirac, celui-là même qui
avait évoqué « le bruit et l’odeur » des étrangers. Encore une fois
donc, double discours : alors qu’elle se défend de tout racisme et se
revendique même antiraciste, publiant par exemple des ouvrages contre Marine Le Pen, les accointances de Caroline Fourest démontrent
sans ambiguïté son rejet viscéral des étrangers, qu’elle considère non
seulement comme des voleurs mais aussi comme des malodorants.
Les réseaux
négationnistes de Caroline Fourest
Nos éreintantes investigations (sur Google) nous ont conduit encore un peu
plus loin. En effet, nous avons découvert que plusieurs ouvrages de Caroline
Fourest ont été publiés chez l’éditeur Grasset, entre autres son dernier
livre : Éloge du blasphème. Et
quelle n’a pas été notre surprise de constater que, parmi les autres auteurs
publiés chez Grasset, on trouvait Yann Moix, célèbre écrivain, aujourd’hui
chroniqueur dans l’émission « On n’est pas couchés » sur France 2.
Ce qui est moins connu à propos de Yann Moix, c’est
qu’il s’est à plusieurs reprises distingué en apposant sa signature aux côtés
de figures du révisionnisme, du négationnisme et de l’antisémitisme. C’est
ainsi qu’en 2007 Yann Moix a signé la préface de l’ouvrage de Paul-Éric
Blanrue, Le Monde contre soi :
anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme, publié aux éditions
Blanche, qui ont également publié les livres d’Alain Soral.
Le livre de Blanrue sera d’ailleurs republié en
2014 par les éditions KontreKulture, propriété d’Alain Soral, avant qu’une
décision de justice n’ordonne la mise au pilon des ouvrages, suite à une
plainte de la LICRA.
On se souviendra également de la signature, par
Yann Moix, d’une pétition demandant l’abrogation de la loi Gayssot, aux côtés
de Robert Faurisson, Dieudonné, Soral et
de multiples figures de l’extrême-droite antisémite. Yann Moix affirmera
par la suite avoir été dupé par les initiateurs de la pétition, version mise en
cause, entre autres, par
des journalistes du Monde.
En d’autres termes, Caroline Fourest a choisi de
faire publier son dernier ouvrage chez un éditeur qui publie également un
individu dont les fréquentations sont peu recommandables et qui, malgré le fait
qu’il soit également connu comme étant un proche de BHL, semble entretenir des
positions pour le moins ambiguës quant à l’antisémitisme, au révisionnisme et
au négationnisme.
Certains esprits chagrins pourraient à
raison faire remarquer qu’en se faisant publier chez le même éditeur que Yann
Moix, Caroline Fourest, pourtant si prompte à « démasquer » et dénoncer
les accointances suspectes de ses cibles préférées, fait de nouveau preuve
d’exigences à géométrie variable, et que quand il s’agit de diffuser et vendre
ses ouvrages, certains de ses « principes » s’évaporent.
Mais n’oublions pas que nous
travaillons à la manière de Caroline Fourest, et allons plus loin. Car le fait
qu’une enquêtrice aussi zélée et minutieuse accepte de figurer dans le même
catalogue qu’un personnage aussi « sulfureux » que Yann Moix ne peut
être considéré comme une négligence, mais bel et bien comme une complaisance
manifeste à l’égard de l’antisémitisme, du révisionnisme et du
négationnisme. Et, disons-le fourestement, d'Alain Soral.
***
CQFDAPP[2].
Nombreux sont ceux qui savent que, derrière la Caroline
Fourest qui se pare des atours du progressisme, de la démocratie et de
l’antiracisme se dissimule mal une Caroline Fourest qui défend, sur le fond et
sur la forme, des positions politiques (toujours) islamophobes et (souvent) conservatrices,
et qui s’entoure de personnages qui, en prenant moins de précautions qu’elle, révèlent
la porosité manifeste entre ses positions et celles de courants politiques
réactionnaires. Ce sont les esprits chagrins évoqués dans cet article, parmi
lesquels on peut notamment signaler l’excellent site Les Mots Sont Importants
(LMSI) et son excellent dossier « Sœur Caroline
Fourest et ses ami(e)s ».
L’auteur de ces lignes a longtemps fait partie de ces esprits
chagrins et a cru, naïvement, que les critiques alors émises à l’encontre de
Caroline Fourest suffiraient à rétablir quelques vérités à son propos et à
déconstruire le personnage public « progressiste » qu’elle s’était
forgée (voir par exemple « "Y’a bon Awards" : Caroline Fourest prend (de nouveau) quelques libertés avec la vérité » et « Islamophobie à Argenteuil : une agression de Caroline Fourest »).
Nous pensions ainsi convaincre celles et ceux qui, notamment à gauche, vantaient les vertus de Caroline Fourest, qu’elle ne jouait pas dans notre camp. Mais, quand bien même les choses ont avancé et quand bien même une partie de ses impostures et de ses mensonges ont été démasqués, les résistances face à l’évidence se poursuivent.
Nous pensions ainsi convaincre celles et ceux qui, notamment à gauche, vantaient les vertus de Caroline Fourest, qu’elle ne jouait pas dans notre camp. Mais, quand bien même les choses ont avancé et quand bien même une partie de ses impostures et de ses mensonges ont été démasqués, les résistances face à l’évidence se poursuivent.
Et pourtant...
Caroline Fourest est-elle en réalité une apologiste de
l’autoritarisme et une complice des idéologies génocidaires ? Est-elle une
raciste identitaire, complaisante à l’égard de l’antisémitisme ? Nous
n’aurions jamais osé l’affirmer avant d’appliquer la « méthode
Fourest » à Caroline Fourest elle-même…
Notre (implacable) enquête en dit-elle plus sur la part d’ombre de
Caroline Fourest que sur la rigueur et la précision de ses méthodes
d’investigation ? Chacun-e est libre d’en juger, à l’aune des critères de
son choix.