Dans la soirée du mercredi 23 juillet, plusieurs manifestations de solidarité avec les Palestiniens, dénonçant l’offensive israélienne contre Gaza et la position des autorités françaises, ont eu lieu dans les grandes villes de France. Le JT de 13h de France 2 du jeudi 24 juillet ne pouvait manquer d’en rendre compte. C’est ce qui a été fait dans un court sujet, présenté sous un « angle » étonnant, servi par un lexique symptomatique.
vendredi 25 juillet 2014
jeudi 24 juillet 2014
Débat avec Christophe Caresche (PS) : Gaza, positions françaises, manifestations "interdites"
Émission "Le Débat", France 24, 23 juillet 2014
mercredi 23 juillet 2014
Les dangereux amalgames de Roger Cukierman (lettre ouverte)
Monsieur Roger Cukierman,
Je suis avec attention vos
déclarations depuis quelques jours, qu’il s’agisse de votre soutien non
dissimulé à l’offensive israélienne en cours (plus de 600 morts à Gaza en deux
semaines, un enfant tué toutes les heures, en moyenne, les 21 et 22 juillet),
ou de vos commentaires avisés sur les incidents et violences qui ont eu lieu en
marge de certaines manifestations de solidarité avec les Palestiniens.
L’objet de ce texte n’est
pas de répondre à l’ensemble des questions de fond, ou de forme, posées par vos
déclarations, mais seulement de vous faire remarquer que vous avez parfois le
verbe un peu léger, et qu’il serait donc sage que vous reveniez à la raison. Si
cela est encore possible, ce dont je doute.
L’amalgame
entre juif et israélien
Vous souhaitez défendre
Israël, sa politique et ses offensives militaires ? C’est votre droit le
plus strict. Mais dans ce cas, arrêtez de prétendre parler au nom des Juifs de
France et d’entretenir un dangereux amalgame entre, d’une part, les Juifs et,
d’autre part, Israël. Rappelons ainsi, à titre d’exemple, les propos que vous
avez tenus, le 21 juillet dernier, sur Radio France Internationale (RFI) :
« Nous nous affirmons comme le
représentant des Juifs de France et nous éprouvons de l’affection pour l’État
d’Israël. De la même manière que des citoyens français d’origine italienne
éprouvent de la sympathie pour l’Italie, et de même pour les Espagnols, ou pour
toutes les autres nationalités ou binationalités qui peuvent exister en
France ».
De
quelle « nationalité » ou « binationalité »
parlez-vous ? Existe-t-il une nationalité juive, comme il existe une nationalité italienne ou espagnole ? C’est effectivement
le cas en Israël[1], mais ça ne
l’est pas en France. À quelle « nationalité » faites-vous donc référence ?
Cela ne peut être, logiquement, qu’à la « nationalité » israélienne[2]
ou à une « binationalité » franco-israélienne. En toute logique, ce
« nous » (qui éprouve de « l’affection » pour l’État d’Israël) est
donc un nous qui englobe les Israéliens de France et les Franco-israéliens.
Mais alors, pourquoi tenir ces propos en vous présentant comme
« représentant des Juifs de France » et non comme « représentant
des Israéliens de France » ? Considérez-vous qu’être juif et être israélien
serait équivalent ?
En
introduisant cette confusion, vous entretenez un dangereux amalgame que vous
n’avez pourtant eu de cesse de dénoncer ces derniers jours. Dois-je vous
rappeler vos propos de juin 2010, au sujet précisément de cet amalgame ?
Je crois que cela est nécessaire, car vous semblez avoir la mémoire
courte : « L’amalgame entre israélien et juif est
tentant et encourage à casser du Juif ». Une remarque dont vous seriez bien avisé de tenir compte...
« C’était un peu la
Kristallnacht »
Vous avez en outre jugé
bon, en commentant les incidents et violences qui ont eu lieu en marge de
certaines manifestations, de dresser des parallèles qui, bien que sans doute
destinés à frapper les esprits, n’en sont pas moins douteux, voire scandaleux.
Vous avez ainsi déclaré, à propos des affrontements qui ont eu lieu, le 13
juillet, rue de la Roquette à Paris, ceci : « C'était un peu la Kristallnacht [la Nuit de Cristal] et on a
échappé de peu à un véritable pogrom ».
La « Nuit de
Cristal ». Un « pogrom ». Rien que ça.
Rappelons, pour mémoire, ce
que fut la Nuit de Cristal, en nous référant à l’Encyclopaedia Universalis :
Le
9 novembre [1938], juste avant minuit, le commandant de la Gestapo, Heinrich Müller,
envoie un télégramme à toutes les unités de police pour les informer que
« dans les plus brefs délais, des actions contre les Juifs, et en
particulier contre les synagogues, doivent avoir lieu dans toute l'Allemagne.
Rien ne doit venir contrarier ces opérations ». Au contraire, la police
devait arrêter les victimes. Les brigades de sapeurs-pompiers se tenaient près
des synagogues en flammes, ayant reçu l'ordre explicite de laisser les
bâtiments brûler. Elles ne devaient intervenir que si le feu menaçait des
propriétés « aryennes » voisines.
En
l'espace de deux jours et de deux nuits, plus de 1 000 synagogues
furent incendiées ou subirent des dégâts. Les émeutiers mirent à sac et
pillèrent environ 7 500 entreprises juives, assassinèrent au moins
91 Juifs et vandalisèrent hôpitaux, maisons, écoles et cimetières juifs.
Les agresseurs étaient souvent des voisins des victimes. Quelque
30 000 hommes juifs âgés de seize à soixante ans furent arrêtés. Pour
emprisonner un si grand nombre de nouveaux arrivants, les camps de
concentration de Dachau, Buchenwald et Sachsenhausen furent étendus.
Est-ce bel et bien à ce
tragique événement historique que vous faites référence ? Avez-vous osé comparer
les incidents de la rue de la Roquette à un gigantesque déchainement meurtrier
de violence et de haine, organisé par l’État lui-même, et considéré par bien
des historiens comme le prélude à la déportation et au génocide des
Juifs ? Il semble bien que oui.
Passons sur le fait que la
1ère version des violences de la rue de la Roquette a été démentie
par… le président de la synagogue lui-même, qui a affirmé, lors d’une interview sur la chaîne d’information i>Télé, ce qui suit : « À
aucun moment, nous n’avons été physiquement en danger ».
Et revenons plutôt sur votre emphase et sur ce qu’elle
induit : en comparant les événements du 13 juillet à la Nuit de Cristal,
vous relativisez considérablement, et le mot est faible, la réalité de cette
dernière. En effet, à vouloir grossièrement forcer le trait, vous laissez
entendre et supposer que la Nuit de Cristal pourrait être considérée, somme
toute, comme une manifestation qui aurait mal tourné et qui aurait dégénéré en
violences. Me permettrez-vous de vous faire remarquer que vos propos pourraient
être aisément qualifiés de révisionnistes ?
Et il en va de même pour
votre allusion aux « pogroms », tout aussi déplacée, pour ne pas dire
outrancière, que la mention de la Nuit de Cristal. Référons-nous, de nouveau, à
l’Encyclopaedia :
Pogrom :
Terme russe désignant un assaut, avec pillage et meurtres, d'une partie de la
population contre une autre, et entré dans le langage international pour
caractériser un massacre de Juifs en Russie. (…) Ils survenaient lors d'une
crise politique ou économique et s'effectuaient grâce à la neutralité (parfois
aussi grâce à l'appui discret) des autorités civiles et militaires. (…) Le
bilan des pogromes est malaisé à établir : on peut dénombrer quelque 887
pogromes majeurs et 349 « mineurs », qui auraient fait plus de
60 000 morts.
En employant le terme
« pogrom », vous banalisez, de nouveau, une véritable tragédie
historique, celle de massacres de masse tolérés, voire encouragés par les
autorités et l’armée russes. Et vous relativisez, de nouveau, les violences
dont ont été victimes des centaines de milliers de Juifs, cette fois en Russie
et dans les pays voisins à la fin du 19ème et au début du 20ème
siècles.
Combattre
l’antisémitisme, mais sans vous
Existe-t-il de
l’antisémitisme en France ? Évidemment, et il appartient à chacun de le
combattre implacablement, qu’il s’agisse de celui de l’extrême-droite
« classique », du tandem Soral-Dieudonné ou d’autres haineux qui
tentent d’instrumentaliser la question palestinienne pour distiller un discours
stigmatisant, parfois malheureusement suivi de passages à l’acte, contre les
Juifs.
Mais vos propos, maintes
fois réitérés, n’aident pas, et c’est un euphémisme, ceux qui entendent mener le
combat contre l’antisémitisme tout en ne renonçant pas à témoigner de leur
soutien aux droits légitimes (et internationalement reconnus) des Palestiniens.
Car VOUS entretenez
l’amalgame entre juif et israélien.
Car VOUS banalisez
certaines des tragédies dont ont été victimes les Juifs.
Ce faisant, vous rendez
service à la vermine antisémite en reprenant à votre compte, bien que vos
intentions diffèrent, leurs pires abjections.
Vous souhaitez défendre
Israël ? C’est votre droit. Je suis en effet partisan, contrairement à
vous qui avez soutenu les interdictions de manifester, de la liberté d’expression
et d’opinion.
Julien Salingue
[1] En Israël, il existe un
découplage entre « citoyenneté » et « nationalité ».
L’ensemble des Israéliens sont de « citoyenneté » israélienne, mais
ils doivent ensuite « choisir » leur nationalité. Les deux
nationalités les plus répandues sont la « nationalité juive » et la
« nationalité arabe ». Les deux nationalités formellement interdites
sont la nationalité palestinienne et la nationalité… israélienne. L’existence d’une
nationalité israélienne induirait en effet l’existence d’une nation
israélienne, non déterminée par des critères religieux ou ethniques, un
véritable cauchemar pour le mouvement sioniste qui proclame que l’État d’Israël
est « l’État-nation du peuple juif ».
[2] Qui n’existe pas, voir note
1.
vendredi 18 juillet 2014
Offensive israélienne contre Gaza : les partis pris du traitement médiatique
Les biais et travers médiatiques liés à la volonté revendiquée de traiter de manière « équilibrée » une situation asymétrique débouchent sur une occultation des tenants et aboutissants réels du conflit, assimilable à une malinformation, voire une désinformation. À force de vouloir simplifier à outrance, on gomme en effet les causes profondes du conflit, on « évite » toutes les informations qui pourraient renvoyer à ces causes profondes et on fournit, à l’arrivée, une information qui n’en est pas une et qui n’offre aucune clé de compréhension au lecteur, au téléspectateur ou à l’auditeur.
Le bruit médiatique général donne en réalité à lire, à entendre ou à voir une « guerre sans fin », au sein de laquelle les torts seraient partagés, les populations civiles victimes des mêmes politiques, et les « extrémistes » responsables de tous les maux. Le déséquilibre des forces et des légitimités est largement étouffé au nom d’une prétendue « neutralité » se manifestant par la revendication d’un traitement « équilibré » qui, dans une situation telle que celle du conflit opposant Israël aux Palestiniens, conduit à un accompagnement, voire une légitimation du récit israélien.
jeudi 3 juillet 2014
Interview de Nicolas Sarkozy : Jean-Pierre Elkabbach mis en examen pour trafic de connivence
Mercredi 2 juillet, l’interview de Nicolas Sarkozy, retransmise en direct sur Europe 1 et TF1, a été une fois de plus, pour Jean-Pierre Elkabbach, l’occasion de démontrer ses talents de journaliste. Son irrévérence et sa pugnacité légendaires ont en effet sauté aux yeux de tous les auditeurs et téléspectateurs, et nous ne pouvions nous empêcher de revenir sur ce morceau de bravoure qui vaudra probablement à son auteur un prix Pulitzer… ou une mise en examen pour trafic de connivence.